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PATRIMOINE INDUSTRIEL

Usines, ouvrages d’art, mines, machines…

PATRIMOINE INDUSTRIEL

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LE TISSAGE DU PONT

Les collections conservées au Tissage du Pont de Lepuix-Gy (propriété du Département) avaient été patiemment accumulées par les membres de l’AHPSV pour préserver et sauvegarder le patrimoine matériel touchant aux industries textiles et mécaniques et aux activités artisanales sous-vosgiennes et belfortaines. Le but de ce sauvetage (la quasi totalité des pièces auraient été tout simplement ferraillées) était la mise en place d’un musée unique de l’évolution des techniques dans notre région. Cette opération n’aurait été possible qu’avec l’aide du Conseil départemental et des collectivités locales. Des restrictions budgétaires n’ont pas permis que l’opération se réalise et l’AHPSV a été contrainte de reporter sur d’autres projets son enthousiasme et sa passion pour la sauvegarde du patrimoine.

La plus grande partie de la collection a été répartie dans d’autres lieux et musées et les locaux ont été rendus à son propriétaire, le Conseil général du Territoire de Belfort.

Localisation et description

Référence : 90065101
Commune : Lepuix-Gy
Localisation : Route du Ballon d’Alsace, D465, juste après la carrière en montant vers le Ballon
GPS : 47.758866 / 6.820019

Description : bâtiment à étages à grandes baies typique XIXè siècle, conciergerie, bâtiment type Eiffel pour préparation des cotons (filage, encollage) ajout de 2900 m2 de sheds pour transférer le tissage, centrale hydraulique, chaudières pour machine à vapeur, couloir de transmission à câbles.
Sheds très dégradés, et bâtiments annexes fragilisés, le CG 90, propriétaire, a refait la toiture du grand bâtiment en 2008. Convention du CG 90 avec AHPSV en 1990, qui collecte et sauvegarde depuis tout matériel industriel et artisanal dans l’objectif de sa valorisation.

En projet : centre d’interprétation de l’architecture industrielle des énergies et des techniques textiles et mécaniques de la région sous vosgienne.

État : assez dégradé. Certaines parties des bâtiments ne sont pas hors d’eau.

Date : XIXè et début XXè.

Visible : de l’extérieur depuis la rue.

Les métiers à tisser automatiques et le Tissage du Pont

Par Claude Canard, à partir de notes de François Liebelin

Les premiers métiers à tisser automatiques font leur apparition dans notre région vers l’année 1900. C’est après de longues recherches et de nombreux essais que la société américaine Northrop Loom & Cie développe aux États-Unis un procédé fiable.
La SACM de Mulhouse, constructeur de machines pour le textile, obtient en 1904 d’être concessionnaire des brevets Northrop pour la France. Les métiers à tisser qu’elle produit sont munis désormais d’un casse-chaîne et d’un chargeur automatique de la navette. Celui-ci introduit dans la navette une canette de trame pleine, sans que le métier soit mis à l’arrêt.

Le barillet est chargé de 25 canettes en réserve, il est réapprovisionné en continu par le barilleur, qui passe d’un métier à l’autre en poussant son petit wagonnet qu’il réapprovisionne à la canetière, machine automatique qui dévide le coton enroulé sur des cônes en bois et le renvide sur les canettes.
Le mouvement de remplacement de la canette dans la navette est provoqué par une tringle qui est solidaire d’un casse-trame. Ainsi sont évités les incidents de passage de navette ne contenant pas de fil de trame, que l’on nomme « fausse duite. ».

Une duite c’est le passage dans l’espace ménagé par la machine entre les fils de chaîne alternativement levés ou abaissés à l’aide des cadres de lices dans lesquels les fils ont été entrés. Cet espace est appelé « la foule. »

Les métiers les plus perfectionnés sont construits en Suisse par la maison Ruth. L’insertion de la trame est assurée par un jet d’air comprimé. Ces métiers peuvent battre à 510 coups à la minute.

Dans les années 1900-1920, un tisserand ou une tisserande surveille trois à quatre métiers à tisser. Ces métiers anciens sont sans casse-chaîne ni trame canettée, ce qui occasionne un arrêt pour recharger la navette en fil de trame et une remise en route. L’innovation des métiers automatiques va augmenter considérablement le rendement en nécessitant moins de personnel. Progressivement, un tisserand se verra chargé de surveiller 8 métiers puis jusqu’à 24 métiers chez Schwob à Chagey dans les années 1960, ( j’y ai été barilleur en 1962, je touchais 1 franc de l’heure ) puis 48 dans les années 1970 – 1980 au tissage du Pâquis à Héricourt. A la même époque une canetteuse avait deux machines sous sa responsabilité.

Les anciens métiers à tisser sous-vosgien étaient montés en calicot, en croisé, en armure satin ou en renforcé. On appelle armure le mode de croisement des fils qui produira un tissu caractérisé par un nom particulier en fonction de ce mode de fabrication. Les métiers battaient à une moyenne de 200 coups à la minute. Le rendement était de 80 à 85 %. La production se situait de 26 à 27, 50 mètres de tissu par métier pour un poste de huit heures de travail.

En 1902, le Tissage du Pont comptait 400 ouvriers en tissage. Ils conduisaient 2 à 3 métiers très anciens à quatre navettes.

Historique

Par François Liebelin et Claude Canard

1563-1565

Installation d’un complexe métallurgique dit « Fonderie autrichienne » traitant les minerais de plomb, de cuivre et d’argent exploités dans les Mines du Rosemont proches de la vallée de la Savoureuse. Un canal dérivé de la rivière crée une chute d’eau de 5 mètres et alimente la roue à aubes actionnant les machines soufflantes des fourneaux de fusion des métaux.

1591
La fonderie est rachetée par les nobles de Stadion, possesseurs des autres fonderies de Lepuix-Gy, maîtres de forges dans la vallée de la Doller à Oberbruck près Masevaux.

1595
Heinrich Schickhardt, architecte des ducs de Wurtemberg, comtes de Montbéliard, dresse le plan de la fonderie. Elle regroupe alors deux fourneaux de fusion, un four d’affinerie, un bocard de concassage des minerais, une maison de l’éprouverie pour expertiser la teneur des minerais et la pureté des métaux précieux obtenus.

1635
Destruction attribuée aux troupes lorraines pendant les affres de la Guerre de dix ans. Réparations provisoires.

1640-1650
Le comte de la Suze, premier seigneur français du comté de Belfort après la conquête, restructure les installations minières. La fonderie est augmentée d’un haut-fourneau. Les anciennes fonderies de Lepuix-Gy sont abandonnées.

Vers 1681
Reconstruction partielle des bâtiments, transformation de la chute d’eau.

1733
L’usine est détruite par la compagnie anglaise Floyde qui a repris la concession minière et utilise la chute d’eau à d’autres fins.

1854-1856
Ferdinand Boigeol, industriel du textile, installé à Giromagny depuis 1810, construit le premier tissage mécanique, vaste bâtiment à trois étages, long de 49 mètres, d’une emprise au sol de 900m² avec de larges baies pour lumière naturelle. La surface des combles sera elle aussi équipée de métiers légers au moment de la plus grande activité.

1857
La force motrice du tissage est fournie par l’eau de la Savoureuse dérivée dans l’ancien canal élargi à environ deux mètres et long de 800 mètres. La chute d’eau est surélevée, installation d’une turbine hydraulique de 30 CV.
Pour pallier l’insuffisance hydraulique en période d’étiage, l’industriel installe une machine à vapeur verticale à balancier d’une puissance d’environ 30 CV. Apparition de la haute cheminée carrée pour le tirage de la chaudière. Le tissage occupe 165 ouvriers.

1876
Agrandissement du tissage, construction d’un bâtiment en rez-de-chaussée à gauche du premier. Il servira à la préparation des rouleaux, à l’encollage, ourdissage et rentrage des fils. Augmentation de la puissance des moteurs à 50-70 CV. Construction d’un gazomètre. Eclairage au gaz.

1895-1897
Construction de nouvelles salles de tissage en rez-de-chaussée, toiture en dents de scie (sheds). Installation de trois nouvelles chaudières et d’une machine à vapeur horizontale compound de 200-250 CV. Le tissage emploie 460 ouvriers. L’éclairage électrique est fourni par une dynamo.

1903
620 métiers à tisser battent au Tissage du pont.

1914
Mise en place d’une turbine type Francis de 67 CV.

1921-1929
Construction des sheds actuels au nombre de 13. Abandon des salles de tissage dans le grand bâtiment à trois étages. Construction du couloir des câbles de transmission actuel. Il alimente 7 travées de transmission. La force motrice est relayèe aux machines par une forêt de courroies sur poulies. La transmission principale roule à 110/120 tours/minute qui sont démultipliés à 140/150 tours/min sur les barres de transmission en salle des métiers.

1929-1930
Passage à l’électricité. Transformation de la salle des machines après démontage de la machine à vapeur. Nouvelles améliorations apportées au canal usinier. Mise en place d’une nouvelle turbine de type Francis de 33 CV à 1000 tours/minute pouvant être couplée à l’ancienne. Liaison directe entre les turbines et le couloir des câbles. Installation d’un alternateur d’une puissance de 25 kW pour l’éclairage électrique et l’atelier de réparations équipé de machines-outils et d’une forge. Installation d’un moteur électrique d’une tension de 5000 volts, puissance 200 CV, transformateur alimenté par une ligne de 15000 volts venant de la centrale thermique de Ronchamp.

1950-1954
Abandon progressif des métiers à tisser non automatiques « Diederichs » pour étoffes à plusieurs coloris. Ils sont remplacés par des métiers automatiques SACM de Mulhouse avec moteur électrique individuel.

Vers 1955-1956
Couplage des turbines avec deux alternateurs 88 CV et 39 CV triphasés. Le courant fourni est envoyé dans le réseau EDF.

1987
En septembre, cessation des activités.

1989
Achat du site par le département.

1990
Convention entre le département et l’AHPSV pour conservation de machines de l’artisanat et des industries textiles et mécaniques.

(La suite dans : La haute Savoureuse, une vallée de l’énergie, par François Liebelin et Claude Canard dans La Vôge n°39 page 25)

Vue depuis le pont

L'atelier réparations

L'atelier réparations et la centrale

LES CHARBONNIERS

À l’époque où les mines du Rosemont étaient en exploitation, le charbon de bois était utilisé comme combustible de bien meilleure qualité et efficacité que le bois. Jusque vers 1860, date à laquelle il a été supplanté par le charbon de terre (la houille), le charbon de bois a été produit en très grande quantité dans la plupart des massifs forestiers. Après la fermeture des mines c’est surtout dans la sidérurgie qu’il a été utilisé pour la réduction des oxydes de fer dans les fourneaux des forges.

Après que le bûcheron ait abattu les grands arbres, débité et évacué les troncs et le beau bois de chauffage, le charbonnier rassemblait les branches et débris d’un diamètre de quelques centimètres (la charbonnette) et les dressait en tas en forme de meule sur un terre-plein horizontal dont la largeur minimum était de 4m. Cette meule était ensuite recouverte de terre puis le charbonnier allumait le feu au centre de la meule en laissant tomber une pelletée de braises dans la cheminée centrale. Des entrées d’air situées au niveau du sol favorisait la combustion d’une petite partie du bois. Au bout d’une semaine de surveillance constante, à ouvrir ou fermer les entrées d’air et la cheminée, toute la masse de bois avait été carbonisée, les acides pyroligneux, les gaz et la vapeur d’eau s’était échappés et il ne restait que du carbone sous forme de morceaux plus ou moins gros, légers et sonores. Le charbonnier découvrait alors sa meule pour remplir une voiture en forme de benne (la banne) ou des sacs qu’il faisait livrer à ses clients par un voiturier.

Physionomie d’une place de charbonnier

En montagne, il est relativement facile de les repérer. Un replat de 5 à 6 mètres aménagé dans une pente modérée attire l’oeil instantanément. La terre enlevée en amont est terrassée pour élargir la plateforme (voir croquis à droite de la fig. ci-dessous).
Il suffit de gratter un peu le sol pour vérifier sa couleur noire et trouver la plupart du temps des petits morceaux de charbon de bois.

Avec le temps et l’érosion, les angles saillants (rep. A) se sont émoussés et les angles rentrants (B) se sont remplis de terre. En observant cette usure, la planéité de la terrasse, la nature du terrain et la composition du sol, on peut se faire une petite idée de l’ancienneté de la place.

Carte des places de charbonnier dans le Pays sous-vosgien

Il y en a des milliers, mais ce n’est pas une raison pour ne pas chercher à les répertorier ou du moins à noter la position géographique précises, grâce au GPS, de celles que l’on rencontre au hasard d’une randonnée. Il ne s’agit pas là d’un inventaire car il faudrait mesurer les dimensions de chaque place et examiner la surface pour compléter la fiche de chacune. Mais ce peut être une base de départ.

Ouvrez la carte en plein écran pour voir les détails et cliquez sur le bouton d’affichage de la liste (dans la barre de titre, à gauche). Cochez ou décochez les calques en fonction des catégories d’éléments que vous souhaitez voir apparaître.

Documents et liens utiles

Livres et revues

  • Les traces des charbonniers en montagne (1ère partie) par Roland Guillaume dans La Vôge n°45 de 2017, page 84
  • Les charbonniers du Rosemont, par Jacques Marsot, dans La Vôge n°43 de 2015, page 53
  • Les charbonniers, dans Mines et Mineurs du Rosemont de François Liebelin, chap. 5, page 187
  • Le charbonnier de Lamadeleine et le guérisseur de Grosmagny par François Liebelin dans La Vôge n°31, page 32
  • Le charbonnier dans les bois par l’abbé Eugène Bouchey publié en 1969 par Folklore Comtois, préface de Jean Garneret
  • La lanterne du charbonnier dans les bois par Bernard Arnould dans le n°100 du bulletin de la SALSA (4e trimestre 2016)
  • L’activité métallurgique de la forêt de Chassignole à Montboillon (70) par Bernard Arnould dans le n°101 du bulletin de la SALSA (janvier-avril 2017 )
  • Une fille de la forêt par André Besson

Sur Internet

  • Le charbon de bois sur Wikipédia
  • L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, article sur le charbon
  • Traité des essais par la voie sèche (page 278) par P. Berthier édité par Thomine, libraire à Paris en 1834 (Gallica)
  • Art du charbonnier ou manière de faire du charbon de bois par M. Duhamel du Monceau, chez Desaint & Saillant 1761 (Gallica)
  • Fabrication du charbon de bois – Makala
  • Préparation du charbon de bois pour gazogène par M. LEPOIVRE dans La Nature, n°3066 du 15 février 1941

LA SCIERIE DEMOUGE

En 1878 la commune de Lepuix décide la construction d’une scierie communale pour maintenir la capacité de production de bois scié sur son territoire. La demande est forte, soutenue par le développement industriel de la vallée. Un bail de 30 ans est signé en 1879 avec Ferdinand Demouge, charpentier, qui se charge de l’édification du bâtiment et de son équipement. Ce bail est repris de père en fils jusqu’en 1993, date à laquelle Hubert Demouge, quatrième de la lignée, prend sa retraite. La commune reprend alors à son compte cet élément très intéressant du patrimoine industriel sous-vosgien.

Voir sur le site de la commune de Lepuix-Gy : Scierie Demouge

Localisation et description

Référence : 90065102
Commune : Lepuix-Gy
Localisation : quartier de Chauveroche
GPS : 47.7628 / 6.8079

Description : scierie de type « haut-fer » vertical animé par une roue à augets entraînée par le torrent « La Beucinière ».

État : très bon, la roue a été refaite en 2000.

Date : 1879.

Visible : de l’extérieur bien qu’aucune barrière n’interdise l’accés à la halle. Visites guidées sur rendez-vous.

Le bief d'amenée d'eau

La halle, ouverte aux quatre vents

Vue côté est

LE CIRCUIT MINIER DE GIROMAGNY

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