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PATRIMOINE INDUSTRIEL,

Une charte guide notre action

Texte signé Claude CANARD, paru dans La Vôge n°40

« Le patrimoine industriel revêt une valeur sociale faisant revivre des vies d’hommes et de femmes ordinaires et en leur donnant un sens identitaire important. Dans l’histoire de l’industrie, de l’ingénierie, de la construction, il a une valeur scientifique et technique. Il peut aussi avoir une valeur esthétique pour la qualité de son architecture, de son design ou de sa conception. »

L’Association pour l’Histoire et le Patrimoine Sous-Vosgiens s’est inscrite depuis vingt-cinq ans dans une démarche de sauvetage, d’étude et de valorisation des patrimoines divers de sa zone d’intervention. À ce titre, elle conduit son action dans un cadre plus général dont il y a lieu d’évoquer le socle.
Nous adhérons pleinement et avec fermeté à ces principes essentiels et universels. Nous avons un héritage collectif, matérialisé par le Tissage du Pont à Lepuix-Gy. Notre ancien président, François Liebelin s’est battu bec et ongles pour préserver le site. Il s’y est usé à accumuler machines des  industries textiles et mécaniques, outillages et documents. Il a désespéré aussi, trop souvent et trop longtemps d’y voir naître enfin une perspective de conservation pérenne portant haut cette partie de la culture humaine que plusieurs pays ont eu à cœur de mettre en avant sous le vocable de « culture matérielle. »
Qui oserait contester que, pour les habitants du Pays Sous-Vosgien ces racines restent fortes ?  En témoignent les rares occasions qui nous ont permis d’ouvrir les grilles du Tissage du Pont pour laisser libre cours à cette réappropriation de ce qui est et doit rester leur part de mémoire. Comme le résumait l’abbé Garneret, fondateur du musée de Nancray : « Il faut rendre au peuple son butin. »
Le Conseil international des monuments et des sites ou ICOMOS (International Council on Monuments and Sites) est une association mondiale de professionnels qui se consacre à la conservation et à la protection des monuments, des ensembles et des sites du patrimoine culturel. Il a été créé en 1965 à Varsovie et à Cracovie (Pologne) après l’élaboration de la charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites, dite Charte de Venise. Cette charte internationale, qui a été adoptée par le deuxième congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques, en 1964, à Venise, constitue son texte fondateur et demeure le texte de référence.
C’est une  organisation  internationale non gouvernementale dont l’activité principale  est de promouvoir la théorie, la méthode et la technique appliquées à la conservation, la protection et la mise en valeur des monuments et des sites. L’ICOMOS est également mentionné dans la convention du Patrimoine mondial de l’UNESCO comme organe consultatif pour la mise en œuvre de la Convention, et agit comme conseil scientifique du Comité du Patrimoine mondial pour l’inscription des monuments et sites culturels sur la liste du Patrimoine mondial. L’ICOMOS est aussi observateur auprès du Conseil de l’Europe. Il s’appuie sur le Comité International pour  la Conservation du Patrimoine  Industriel, TICCIH, auteur et propagateur de la Charte Nizhny Tagil pour le patrimoine industriel. Cette charte, notre crédo en quelque sorte, a été présentée en juillet 2003 à ICOMOS pour ratification et pour approbation définitive par l’UNESCO. Nous présentons quelques extraits les plus significatifs qui définissent les grands principes et sont notre boussole en matière d’action.

(Photo :  Le second étage du grand bâtiment au tissage du pont, état en 1990. Le potentiel offert appelle à agir. Photo François Liebelin)

Préambule

Les périodes les plus anciennes de l’histoire humaine sont connues par des vestiges archéologiques témoignant des changements fondamentaux concernant les procédés de fabrication des objets de la vie quotidienne. L’importance de la conservation et de l’étude des preuves de ces changements est universellement acceptée.
Développées à partir du Moyen Âge en Europe, des innovations dans l’utilisation de l’énergie ainsi que dans le commerce ont conduit vers la fin du XVIIIè siècle, à des changements aussi fondamentaux que ceux ayant eu lieu entre le Néolithique et l’Âge du Bronze.
Ces changements ont généré des évolutions sociales, techniques et économiques des conditions de production, suffisamment rapides et profondes, pour que l’on parle de Révolution. La Révolution industrielle a été le commencement d’un phénomène historique qui se poursuit de nos jours et qui a profondément marqué une grande partie de l’humanité, ainsi que toutes les autres formes de vie sur notre planète.
Les traces matérielles de ces profonds changements sont de valeur humaine universelle et l’importance de leur étude et de leur conservation doit être reconnue.

Définition du patrimoine industriel

Le patrimoine industriel comprend les vestiges de la culture  industrielle qui sont de valeur historique, sociale, architecturale ou scientifique. Ces vestiges englobent : des bâtiments et des machines, des ateliers, des moulins et des usines, des mines et des sites de traitement et de raffinage, des entrepôts et des magasins, des centres de production, de transmission
et d’utilisation de l’énergie, des structures et infrastructures de transport aussi bien que des lieux utilisés pour des activités sociales en rapport avec l’industrie (habitations, lieux de culte ou d’éducation).
L’archéologie  industrielle est une méthode  interdisciplinaire qui étudie toutes les preuves, matérielles et immatérielles, les documents, les artefacts, la stratigraphie et les structures, les implantations humaines et les paysages naturels et urbains créés pour ou par des processus industriels. Elle se sert des méthodes les mieux appropriées pour accroître  la compréhension du passé et du présent industriel.
La période historique la plus intéressante pour cette étude s’étend des débuts de la Révolution industrielle, c’est-à-dire de la deuxième moitié du XVIIIè siècle jusqu’à aujourd’hui, sans négliger ses racines pré et proto-industrielles. De plus, elle s’appuie sur l’étude des techniques et des savoirs faire. »

La suite de la charte présente les recommandations en termes de méthode de conservation et d’utilisation pour interpréter l’histoire des sites. Notamment sous le titre 7,

Présentation et interprétation :

« I. L’intérêt et l’attachement du public pour le patrimoine industriel et l’appréciation de sa valeur sont les plus sûrs moyens d’assurer sa conservation. Les autorités publiques devraient activement expliquer le sens et la valeur des sites industriels à travers des publications, des expositions, des émissions télévisées, Internet et les autres médias. Elles devraient fournir des accès permanents aux sites importants et promouvoir le tourisme dans les régions industrielles. »

L’Association pour l’Histoire et le Patrimoine Sous-Vosgiens a fait sienne cette charte.
Notre souscription n’est pas que de principe, elle correspond à notre philosophie et guide notre action au quotidien.

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