Table des matières
| Il y a 100 ans | Martine Demouge | 2 |
| Le jour où Louis XIV s’arrêta à Lachapelle-sous-Rougemont | François Sellier | 22 |
| Une vallée sous-vosgienne du nord du Territoire de Belfort : le Val des Anges et au milieu coule une rivière : la Madeleine • Étude de géographie physique et humaine ❘ 2e partie | Bernard Heidet | 26 |
| Le violoncelle des camps d’internement | Marie-Noëlle Marline | 40 |
| Le 1er RFM, des marins au cœur des montagnes | Stéphane Muret | 41 |
| Le repos des guerriers au pied des Vosges, en 1915 | Roland Guillaume | 53 |
| Les photographes Andrès de Giromagny | Michaël Mennecier | 61 |
| Seconde Guerre mondiale, les prisonniers de guerre : « les exclus ou les oubliés de la victoire » | Bernard Cuquemelle | 73 |
| René Lambert d’Auxelles-Haut : brevet de parachutiste n°45 ! | François Sellier d’après Georges Lambert | 86 |
| Les propriétés forestières du massif du ballon d’Alsace ❘ 2ème partie | Jean-Christian Pereira | 89 |
| Le centenaire de l’Harmonie Alsthom en 1985 | Claude Parietti | 98 |
| Le dessous des cartes I Adrien Thévenot, le peintre oublié de Rougemont | François Sellier | 103 |
| Georges Lienhart : as rougegouttois de la Grande Guerre et figure aéronautique locale | Tristan Muret | 106 |
| Histoires de machines… «énigmatiques» | Patrick Lacour | 114 |
| Céoùdonc ? | 117 | |
| La petite histoire en patois « Texte en patois de chez nous » | écrit par Marthe Peltier • Illustrations François Bernardin | 118 |
| MAGAZINE | Marie-Noëlle Marline | 121 |
ÉDITO LUNAIRE
Une fois n’est pas coutume mais l’édito de votre Vôge 2025 s’éclipse au profit d’une belle image lunaire. C’est aussi l’histoire d’une soirée magique au ballon d’Alsace. Le 7 septembre 2025, une éclipse lunaire totale offre un spectacle céleste grandiose à près de 85 % de la population mondiale. Visible dans son intégralité depuis l’Afrique de l’Est, la péninsule Arabique, l’Asie centrale et du Sud, l’Asie du Sud-Est, l’Australie et la majeure partie de l’océan Indien, elle est également partiellement observable depuis l’Europe, notamment au lever de la lune. Au sommet du ballon d’Alsace, les conditions sont idéales : le ciel est dégagé, la température bien douce, l’atmosphère paisible. Tout est propice à l’observation. Tout est propice à la magie. Le lever de la lune, déjà plongée dans l’ombre terrestre, a lieu à 19 h 58 précises. Je suis prêt à capturer l’instant féérique !
Arrivé bien en avance, il me faut patienter jusqu’à 20 h 35 pour enfin apercevoir notre satellite teinté d’un rouge profond surgir d’une toile de fond bleu marine. Pour ménager le suspense, un léger voile nuageux se croit obligé de masquer le début de l’éclipse… Mais une fois la lune révélée, le spectacle est à la hauteur de mes attentes : fascinant, presque irréel. J’ai réalisé près de 600 clichés, immortalisant chaque phase de ce phénomène tant attendu. La sortie de la pénombre, à 21 h 56, est tout aussi spectaculaire. Fin du phénomène… mais quel bonheur !
Parfois le spectacle sidéral parvient à éclipser, de façon ô combien magistrale, les turpitudes humaines…
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Il y a 100 ans !
Citroën et la Croisière noire. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’automobile ne compte qu’une trentaine d’années d’existence mais ses états de service pendant le conflit se sont tissés d’une auréole de légende avec les exploits des taxis de la Marne et des camions de Verdun. Elle n’est encore qu’un produit construit de façon artisanale. C’est alors qu’apparaît, dans le foisonnement des marques automobiles, le double chevron, emblème d’une firme naissante : Citroën. Elle porte le nom de son créateur, André Citroën, qui, en 1919, a reconverti une usine de fabrication d’obus en une usine automobile. Pour mettre en valeur ses produits, André Citroën lance des expéditions qui sont d’incroyables opérations publicitaires. La Croisière noire s’inscrit dans ce registre. Du 26 octobre 1924 au 26 juin 1925, huit autochenilles Citroën type P4T vont rejoindre Madagascar, parcourir 20 000 kilomètres, traverser désert, savane, forêt vierge… ouvrir un continent à l’automobile. Louis Renault, concurrent un brin mauvais joueur, parlera du « cirque Citroën ».
Citroën et la tour Eiffel !
À l’occasion de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels inaugurée à Paris le 28 avril 1925, l’ingénieur Fernando Jacopozzi, surnommé le « magicien de la lumière », est sollicité pour éclairer la tour Eiffel : « imaginez cette grande bougie dans la nuit ! » Le projet bute sur le problème du financement, tous les industriels contactés refusent de participer à cette entreprise trop onéreuse sauf… André Citroën.
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Le jour où Louis XIV s’arrêta à Lachapelle-sous-Rougemont
En 1683, Louis XIV effectue son troisième voyage en Alsace, une visite d’inspection militaire qui emprunte cette fois un itinéraire très différent des précédents. Nous allons décrire ce voyage à l’aide des documents d’époque que sont la Gazette de France et le Mercure galant et différents ouvrages de référence. Ce déplacement du roi consiste à vérifier le fonctionnement des compagnies de « cadets » (écoles militaires) qu’il a créées et à visiter les camps d’entraînement militaire qu’il a installés sur les frontières, à Bellegarde en Bourgogne, à Molsheim en Alsace et à Bouquenom en Lorraine pour ne citer qu’eux. Évidemment, il se rend également à Strasbourg.
Ayant donc quitté Versailles le 6 mai 1683, le cortège royal fait étape à Corbeilles, Sens, Joigny, Auxerre, du côté de Noyers, puis Dijon, pour arriver au camp de Bellegarde5. Puis il s’arrête à Dôle, Besançon (deux jours), Montbozon, Lure. Le 21 juin, le roi et sa suite dorment sous tente à Champagney, et le lendemain ils sont à Belfort.
Belfort n’est alors qu’une toute petite cité, ne comptant guère plus de 500 habitants, « une villotte de cent vingt deux maisons » selon Vauban qui découvre la ville en 1675.
En arrivant à Belfort, le roi se rend aussitôt au château pour examiner les travaux qui y ont été entrepris afin de pouvoir loger un bataillon de soldats. Si l’on en croit une certaine tradition orale, « la famille royale logea […] dans une hôtellerie située rue Sur l’Eau et portant l’enseigne Aux Trois Rois.
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Une vallée sous-vosgienne du nord du Territoire de Belfort :Le Val des Anges et au milieu coule une rivière : la Madeleine
La forêt vosgienne a deux histoires : celle de l’arbre qui a mis plus de trois milliards d’années pour apparaître sur la terre et celle des nombreuses forêts qui se sont succédées depuis 300 millions d’années. Les premiers végétaux apparaissent à l’ère primaire sous la forme de mousses et d’algues marines (-400 millions d’années) puis à la fi n du Dévonien le « bois » est inventé par la nature : en effet la plante se développe verticalement et il s’agit de la forêt houillère du Carbonifère (-300 millions). Les conifères arrivent au secondaire (-200 millions) ainsi le sapin des Vosges. Au tertiaire, au Pliocène (-25 millions), notre région montagneuse se couvre de forêts de chênes, d’érables, de charmes ainsi que de pins et de mélèzes. Au quaternaire, l’alternance de phases glaciaires et interglaciaires avec réchauffement eut des répercussions considérables sur la forêt vosgienne qui parfois reculait et ensuite reprenait de l’importance. Vers -3000 le hêtre est apparu en profitant du réchauffement de l’atmosphère et de la baisse de l’humidité. En fonction de l’altitude, on peut distinguer deux catégories de forêts (la notion de climax correspond au stade d’équilibre vers lequel tend la forêt quand les conditions de milieu, en particulier le climat, ne changent pas). Jusqu’à 700 mètres d’altitude sur les sols vulcano-sédimentaires de très jolies futaies de hêtraie-chênaie (en taillis sous futaie) dominent le Fayé, la Tête des Mineurs, le ballon Gunon et aussi parfois de hêtraie, chênaie, charmaie. En accédant aux sommets comme le Baerenkopf on retrouve une hêtraie-sapinière puis une « hêtraie-bonsaï » car la température moyenne est faible, la période d’enneigement prolongée et l’action du vent plus intense. En bordure de la Madeleine et des gouttes qui descendent de la montagne subsiste une forêt riveraine, l’aulne (la verne) partage la vedette avec le frêne (aulnaie-frênaie) ainsi qu’avec d’autres plantes plus basses et de plus en plus invasives comme le pétasite, la balsamine de l’Himalaya et la renouée du Japon. Au niveau des sols de la forêt et des rochers on trouve la strate muscinale colonisée par les mousses où grouille une vie microscopique.
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»Le violoncelle » des camps d’internement
Les civils internés durant la guerre. A première vue, rien d’inhabituel pour le professionnel… Mais en soulevant délicatement la table d’harmonie, le luthier découvre ce qui allait transformer cette réparation en une véritable énigme historique. Le violoncelle cachait bien plus qu’une simple histoire d’instrument ancien. Collée à l’intérieur, une étiquette porte une inscription : Le luthier examina l’instrument plus en profondeur : tout indiquait que ce violoncelle n’avait jamais été ouvert auparavant. Qui était cette personne, un civil britannique interné en pleine guerre dans ce petit coin de l’est de la France ? L’indication « Giromagny » permit au Luthier d’arriver jusqu’à nous.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les civils britanniques résidant en Europe furent parmi les premières cibles des rafles nazies, commencées dès 1940 après la signature de l’armistice du 22 juin. Alors que la guerre continuait entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne, les ressortissants britanniques vivant en France furent considérés comme des ennemis et furent arrêtés.
Le 15 novembre 1943, après trois jours et trois nuits d’un voyage en train, 980 civils (britanniques et autres nationalités), en provenance de l’Ilag1 de Tost en Allemagne, furent transférés dans les casernes de Giromagny. Parmi eux, un homme du nom de John William. G. Todd.
John William G. Todd, né le 24 juillet 1899 à Londres, avait été arrêté par les nazis le 26 juin 1940 à son domicile à Naarden aux Pays-Bas. Interné à l’Ilag de Schoorl aux Pays-Bas puis à Tost (aujourd’hui Toszek en Pologne), il est ensuite interné dans les casernes de Giromagny de juin 1943 au 1er septembre 1944. Nous ignorons sa profession. Était-il luthier ?
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Le 1er RFM, des marins au cœur des montagnes !
Des marins dans la montagne, drôle de titre pour une singulière aventure ! A priori, les marins n’ont rien à faire à la montagne et pourtant, en novembre 1944, on les voit partout dans le Pays sous-vosgien : Auxelles-Bas, Auxelles-Haut, Giromagny, Vescemont, Rougegoutte, Bas-Évette, Valdoie, Lachapelle-sous-Chaux, Chaux, Éloie, Grosmagny, Petitmagny, Lepuix, le ballon d’Alsace, Rougemont-le-Château, Lachapellesous-Rougemont… Les « Sakos1 » sont de tous les combats, la plupart du temps en pointe. Ces marins appartiennent au 1er RFM, régiment de fusiliers marins et sont l’unité de reconnaissance de la 1re DFL. À ce titre, ils n’agissent pas comme une unité unique au contraire des bataillons de marche mais sont répartis en sous-unités sur l’ensemble des groupements de la division. C’est pourquoi leurs actions apparaissent comme diluées dans un vaste ensemble. Cet article a pour but de recentrer l’attention du lecteur sur la continuité et l’importance du travail des quatre escadrons qui constituent le RFM et de tous les hommes qui les composent dans cette courte période du 19 au 25 novembre 1944 marquant la libération du Pays sous-vosgien.
Avant le Pays sous-vosgien, une histoire déjà riche !
L’historique du 1er régiment de fusiliers1marins avant son arrivée dans le secteur sous-vosgien est celui d’une grande unité. Il est inutile de le rappeler ici en détail mais il convient de s’en remémorer les grandes lignes afin de bien avoir en tête l’importance des hommes qui le composent. Cette unité de marine est née de la défaite de 1940 en tant que 1er bataillon de fusiliers marins (1er BFM). C’est en effet l’amiral Muselier, l’un des premiers officiers de haut rang à avoir pris le risque de rejoindre le général De Gaulle à Londres, qui est à l’origine de sa création le 5 juillet 1940. Ce sera une unité intégrée au sein des Forces navales françaises libres. Un mois plus tard, le bataillon est mis au service de l’armée de terre et participe à sa première opération, l’opération « Menace » sur Dakar fin septembre. Ce sera malheureusement un échec et les marins rejoindront le Gabon. En avril de l’année suivante, le BFM est en Palestine et participe en juin à l’opération « Exporter » en Syrie. Il est à cette occasion mis en liaison avec la 1re DFL et plus particulièrement avec le bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique, le BIMP. Ce sera cette fois un succès. En juillet 1941, l’unité a rejoint Beyrouth et, à la fin de l’année, elle devient une unité de défense antiaérienne dans le désert de Libye.
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Le repos des guerriers au pied des Vosges, en 1915
Pendant la Grande Guerre, entre deux massacres, les régiments sont envoyés à l’arrière pour quelques semaines de repos. De repos, vraiment ? Non, il ne faudrait pas que le poilu se ramollisse, alors on l’occupe. On va voir un peu comment. Des centaines d’unités sont venues se ressourcer dans le Pays-sous-vosgien pendant la Première Guerre mondiale ; pas tellement celles qui avaient combattu sur le front d’Alsace tout proche, mais plutôt celles qui venaient de se faire décimer dans les grandes batailles : la Marne, l’Artois, la Champagne, l’Argonne, la Somme, Verdun… La Division marocaine est de celles-là. Après de durs combats en Artois, du côté de Vimy, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Lens où la division a vécu mi-mai et mi-juin des heures glorieuses et sanglantes, elle débarque en gares de Belfort, Montbéliard et Héricourt le 7 juillet 1915. Une semaine se passe à remettre de l’ordre dans les rangs et dans les équipements et, le 14 juillet, le général Joffre lui-même passe la division en revue avant de se rendre à Masevaux puis à Husseren-Wesserling (68) ; il rencontrera là-bas d’autres troupes lors de prises d’armes et inspections. Ce 14 juillet-là est la première fois depuis quarante ans que des villages alsaciens peuvent arborer le drapeau tricolore pour la fête nationale ; ce n’est pas rien.
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Les photographes Andrès de Giromagny
Bien que le magasin Andrès ait fermé ses portes il y a soixante ans, son nom reste familier à de nombreux habitants qui conservent encore de vieilles photographies ou cartes postales sorties de ses ateliers. C’est en partie grâce à ces œuvres que les articles de La Vôge sont aujourd’hui si richement illustrés. Les origines de ce commerce remontent au XIXe siècle, avec l’épicerie Crouzit. Pierre Crouzit, de la Charente à Belfort.
En mai 1808, l’installation de Joseph Bonaparte, frère aîné de Napoléon Ier, sur le trône d’Espagne provoque un soulèvement populaire. Les guérilleros ne cessent de harceler l’armée française. C’est lors d’un affrontement survenu le 27 décembre 1808 que le chirurgien sous-aide-major Crouzit, né à Massignac en 1790, est blessé par les insurgés de Rovira à La Jonquera.
Après les désastreuses campagnes de Russie et d’Allemagne, la France est envahie. Les troupes coalisées franchissent le Rhin le 21 décembre 1813 et s’approchent de Belfort. La ville est défendue par environ 3 000 hommes : le 63e régiment de ligne, le 14e de chasseurs à cheval et des détachements d’autres unités, dont le 2e de ligne où sert Pierre Crouzit.
Le siège commence le 24 décembre. Entre bombardements, maladies et famine, les conditions sont effroyables. Le 6 avril 1814, Napoléon 1er abdique à Fontainebleau. À Belfort, les morts se comptent par centaines et les vivres sont épuisés. Le 12 avril, après 113 jours de siège, le commandant Legrand se voit contraint de capituler. Quatre jours plus tard, la garnison quitte la ville avec les honneurs de la guerre.
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Seconde Guerre mondiale,les prisonniers de guerre
Comme ceux de la Grande Guerre, les soldats français faits prisonniers en mai et juin 1940 sont, en 1945, les oubliés de la victoire. «Vae Victis.» Cela concerne 1 800 000 militaires, chiffre énorme à comparer avec la Première Guerre mondiale où 600 000 soldats ont connu les camps de prisonniers en quatre ans de guerre.
De nombreux soldats sont capturés, parfois même sans combattre, lors de la retraite provoquée par la foudroyante offensive allemande et la rupture du front, retraite aggravée du plus grand exode de population que la France ait jamais connu. Certains sont persuadés d’avoir à se rendre après avoir entendu le maréchal Pétain appeler à cesser les combats et convaincus que, la guerre étant finie, ils seraient libérés rapidement. C’est ce que laissaient entendre les Allemands. Mais contrairement à une vulgate trop répandue, les divisions allemandes n’avancent pas sans devoir livrer combat, de rudes combats comme à Monthermé, à Saumur, à Lambersart où un régiment de réservistes se bat rue après rue. Le sacrifice d’unités françaises à Dunkerque va permettre à la quasi-totalité du corps expéditionnaire britannique – la BEF – soit 250 000 soldats de rembarquer dans des conditions terribles, sous les bombardements en piqué des Stukas, avec 120 000 soldats français et belges. En six semaines, 92 000 soldats français sont tués ; les pertes de la Wehrmacht se montent à 45 000 morts, c’est beaucoup pour une campagne dont on dit parfois qu’elle a été une balade sans danger pour les Allemands. Mais voilà, la défaite est vécue comme une humiliation. Sur les 1 800 000 prisonniers, 1 600 000 sont transférés en Allemagne, ils ne seront plus que 1 000 000 en 1945 car, au fur et à mesure des années, leur nombre va diminuer. À cela plusieurs raisons. Dès le départ les Allemands proposent aux Alsaciens d’être libérés sous certaines conditions. Il faut aussi décompter les prisonniers qui ont été « transformés » en « travailleurs libres » au cours de la guerre (210 000) et les retours grâce à la « Relève », nous y reviendrons. Par ailleurs, des membres du personnel de santé, des gendarmes, des pères de familles nombreuses sont revenus progressivement au cours du conflit. Enfin 37 000 prisonniers sont morts en captivité, de maladie, victimes des bombardements alliés ou des balles allemandes lors de tentatives d’évasion.
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René Lambert d’Auxelles-Haut : brevet de parachutiste n°45 !
Brevet militaire de parachutiste de l’infanterie de l’air n° 45 ». Autrement dit, René Lambert fut un des tout premiers parachutistes militaires français. C’est à partir d’un document déposé au « Musée Mémorial des Combats de la Poche de Colmar » que nous a transmis Monsieur Georges Lambert, fils de René, que nous pouvons découvrir l’histoire de ce précurseur du parachutisme militaire qui fut également un des libérateurs de l’Alsace, en 1944.
Comme tant d’autres choses, c’est Léonard de Vinci qui, en 1485, imagine le parachute. Mais il faudra des siècles pour que le dessin de ce génie devienne l’objet d’essais réels. Le premier saut réussi et répertorié (en France) est celui d’André Garnerin qui s’est élancé d’une montgolfière le 22 octobre 1797. Le parachute était alors un gros parapluie muni d’une nacelle, rien de bien autonome en fait… Durant la Grande Guerre les parachutes étaient réservés aux seuls aérostiers et les pilotes d’avions n’y avaient pas droit, de peur qu’ils ne sautent au moindre problème. Le parachute était donc considéré comme outil de lâche pour un aviateur (tout au moins par l’État-major et durant les quatre premières années du conflit). Le 17 novembre 1917, Constant Duclos réalise le premier saut de l’histoire du parachutisme militaire. Un soldat armé sautant derrière les lignes ennemies est devenu possible. Les autorités militaires en sont (enfin) conscientes, mais après l’armistice de 1918 l’idée sombre dans un oubli provisoire.
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Les propriétés forestières du massif du ballon d’Alsace
Historique des forêts de la vallée de Lepuix
Le domaine Boigeol s’étend sur le versant ouest, au nord de la forêt communale de Lepuix, à partir de Malvaux. Lacroix vend sa part de forêts en 1845, soit 538 hectares. Ferdinand Boigeol, peut-être à la recherche de liquidités, en revend une partie en 1848 à Bouchot frères, maîtres de forges à L’Isle-sur-le-Doubs. En 1860, Boigeol rachète aux héritiers Bouchot les forêts cédées en 1848, portant sur 239 hectares.
Après la mort de Ferdinand Boigeol, puis de sa veuve, le partage entre leurs cinq enfants en 1878 porte, entre autres, sur les 548 hectares de forêts qui sont répartis entre : Charles Boigeol qui hérite de 76 hectares. Il les revend en 1909 à François Petitzon, aubergiste puis marchand de bois à Lepuix. Petitzon a 90 hectares en 1913, 97 en 1919 et 66 en 1924. L’État rachète en 1924 pour créer la forêt domaniale.– Fernand Boigeol reçoit 50 hectares. Il les vend en 1927 à Marie Line Balland négociant à Strasbourg. Cette forêt passe en 1929 à Irénée Demouge puis en 1940 à Henri Demouge et consorts. Berger Philippe se voit attribuer 161 hectares. Il vend sa forêt en 1923 à Lauch et Scheurer de Thann (famille d’industriels proche des Kestner) qui à leur tour, en 1921, vendent la forêt au service des Eaux et Forêts pour constituer la forêt domaniale. C’est une partie de l’actuelle forêt domaniale, sur le versant ouest. La famille Berger conserve le chalet Bonaparte. Jules Boigeol obtient 125 hectares qu’il vend en 1910 à Irenée Demouge de Lepuix. Édouard Warnod récupère de son épouse 135 hectares, substitués à Paul Warnod en 1917. Il vend sa forêt en 1923 à Irénée Demouge de Lepuix. Ce dernier possède 152 hectares en 1913, 288 en 1925. Le domaine hérité par Henri Demouge en 1934 concerne des parcelles s’étendant sur 314 hectares en 1944.
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L’Harmonie Alsthom a été fondée en 1885. Cent ans de musique et de traditions en 1985 !
Pour le centenaire, son directeur Joseph Zemp et ses musiciens ont souhaité marquer l’année anniversaire avec trois événements: un concert, un festival de musique, la parution d’un disque vinyle. Les cérémonies du centenaire ont eu le mérite de mettre à l’honneur les musiques composées et arrangées pour ensembles d’harmonie et aussi les sociétés musicales d’entreprises.
L’Harmonie Alsthom était une société de musique d’entreprise, c’est-à-dire créée par l’entreprise qui a nommé les présidents et assumé le fonctionnement : achats des instruments, des partitions, de l’habillement notamment et la mise à disposition d’un lieu pour les répétitions. Ainsi, l’usine de Belfort a toujours été là, toujours présente dans la vie de l’Harmonie qu’elle a engendrée. Le présent article est un hommage à Joseph Zemp, l’inspirateur du centenaire, pour l’anniversaire de son décès, il y a vingt ans.
L’Harmonie en 1985
L’établissement de Belfort en 1985 se dénomme Alsthom-Atlantique. La présidence est assurée par deux directeurs de l’entreprise : Daniel Butzbach, président depuis 1963 et Claude Moinaud, vice-président. Joseph Zemp est directeur depuis 1954 et Charles Adam directeur adjoint depuis 1981. Les effectifs sont conséquents : 95 musiciens listés sur le fascicule programme.
Le concert du centenaire
Il s’est déroulé le 15 mars à la Maison des Arts et Loisirs de Sochaux (MALS). Le président Daniel Butzbach a salué le public et plusieurs personnalités présentes, notamment Jean-Pierre Chevènement – ministre de l’Éducation nationale et maire de Belfort –, Maurice Thiévent – maire de Sochaux – et Daniel Zemp, président de la Fédération musicale de Franche-Comté (FMFC), membre de la Confédération musicale de France (CMF) et directeur de l’Harmonie Peugeot. Durant la cérémonie, Daniel Zemp a remis à l’Harmonie la médaille du centenaire, au nom de la CMF1.
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le dessous des cartes – Adrien Thévenot, le peintre oublié de Rougemont
Le tableau ci-dessus, peint en 1920, a été adjugé chez Christie’s en septembre 2012 pour la somme de 68 036 €. Pourtant, l’auteur de cette toile semble avoir totalement disparu de la mémoire des Rougemontois. Un oubli que nous tenons à réparer. Adrien Camille Thévenot naît le 31 janvier 1898 à Rougemont-le-Château, dans le grand immeuble construit par son arrière-grand-père Louis, situé sur la place du village. Adrien est le fils de Camille, repré- sentant de commerce et d’Eugénie Ripp dont le père Charles tient une auberge au rez-de-chaussée du batiment. Devenue veuve, Eugénie épouse Joseph Wersinger qui transforme la grande bâtisse en« Hôtel Moderne Wersinger » (voir photo). En 1911, Adrien vit toujours à Rougemont1 mais en 1915 il habite à Belfort avec sa mère. Alors qu’il n’a que 17 ans, il s’engage au 4e régiment de Cuirassiers et combat jusqu’à ce qu’il soit blessé en avril 1918. S’ensuivent plusieurs séjours de rééducation qui le mènent finalement à Toulouse. À partir de 1920, il s’établit à Paris et cela jusqu’à la fin 1939. Il y reviendra après la guerre.
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Georges Lienhart – As rougegouttois de la Grande Guerre et figure aéronautique locale
S’il fait partie de la classe 1906, le jeune Georges commence son service militaire en octobre 1907 à Belfort, dans la cité du Lion, où il est incorporé au 4e Bataillon du 35e régiment d’infanterie sous le matricule de recrutement 1362. Alors nommé caporal le 30 avril 1908, il est ensuite promu au rang de sergent le 1er octobre de cette même année. Libéré de son service militaire, il se retire à Belfort et passe dans la disponibilité. Son parcours l’amène ensuite à partir travailler en Espagne, plus précisément en Catalogne où, en 1913, il est employé par l’entreprise locale Energia Electrica de Cataluna. L’année suivante marque son retour en France et il s’installe à Carmaux, dans le Tarn, une localité à proximité d’Albi. Cependant, à l’été 1914, comme beaucoup d’hommes et de femmes, son destin va basculer avec les événements internationaux et l’entrée en guerre du pays.
La mobilisation de 1914 et les premières années de guerre
Samedi 1er août 1914, 16 h 45, cinq coups de canons sont tirés depuis le château de Belfort, annonçant à tous que la mobilisation générale est décrétée sur l’ensemble du territoire français. Le Lendemain, Georges Lienhart, alors sergent de réserve, est incorporé au sein du 171e régiment d’infanterie. Ce régiment, créé en 1913, est composé d’éléments venus des 35e, 42e et 152e régiments d’infanterie, tous implantés sur Belfort. Sa mission est de défendre la place fortifiée de Belfort. Sa zone d’opérations s’étend sur un vaste espace allant du fort de Giromagny au fort Lachaux. Le 3 août, l’Allemagne déclare officiellement la guerre à la France. Le 171e régiment d’infanterie, de par sa proximité avec la frontière ennemie, est sur la ligne directe des premiers combats. Ainsi, son unité prend part le 9 août à la bataille de Mulhouse ainsi qu’à celle de Montreux-Vieux le 13 août. Deux mois plus tard, c’est autour de Thann que les combats font rage. Les premiers mois du conflit sont éprouvants pour les hommes et les pertes sont importantes. Déjà engagé dans les combats pour la reconquête de l’Alsace, le régiment est embarqué à la fin du mois de septembre, en train, pour Lérouville dans la Meuse. Le jour même de son arrivée, l’unité est envoyée directement à proximité du front. Elle va dès lors prendre part à de nombreuses batailles sanglantes et meurtrières. Comme celle de la forêt d’Apremont regroupant entre autres les combats de Marbotte, Bois d’Ailly, Maison-Blanche, Vaux, Ferry, Tête-à-vache, Bois-Brûlé ou encore ceux de la Cote 360 et de la Louvière. Les pertes sont nombreuses. Aux combats et bombardements constants s’ajoutent des conditions climatiques très difficiles : la pluie, la neige, la boue compliquent encore un peu plus la vie quotidienne des soldats. Depuis le début de la guerre, les hommes du 171e R.I n’ont eu en réalité qu’un mince repos. Toutefois, la période du sergent Lienhart au 171e régiment d’infanterie prend fin en janvier 1915 après cinq mois passés au front, et il est affecté à la section automobile locale du 8e escadron de train. Ce transfert marque également pour lui son retour sur Belfort. Après de nombreux mois difficiles à l’avant lors des combats, cette nouvelle affectation lui donne la possibilité de s’éloigner de la proximité directe du front. Le rôle des sections automobiles est de suppléer l’utilisation du train. En effet, ce dernier ne pouvant répondre à toutes les obligations logistiques, c’est en ce sens que l’automobile joue un rôle central dans l’organisation militaire de la guerre. Ces missions correspondent au transport de troupes, de matériel, de vivres ou encore de munitions. Toutefois, les missions ne sont pas de tout repos. Les hommes sont souvent contraints de travailler jour et nuit afin de faire face au maximum aux besoins du front et à la rotation des effectifs. Georges Lienhart passe un peu plus d’une année dans cet escadron.
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Histoires de machines… « énigmatiques »
Les fonctions générales sont parfois évidentes tout en laissant planer des doutes sur la destination exacte, car chaque usage imaginable se heurte à l’une ou l’autre disposition paraissant inadéquate … jusqu’à trouver une application qui soit compatible !
Comme cette machine de taille moyenne, qui au Tissage du Pont portait l’étiquette n° 0130, ici après nettoyage et avant remise en place du moteur. Les divers accessoires sont posés à peu près à l’emplacement de la dernière utilisation. Le premier coup d’oeil est engageant, montrant une grande cuvette peu profonde sous laquelle sont boulonnés deux piétements en lyre ; le tout en fonte, sans fissures ni réparations visibles. Au milieu de la cuvette, un relief venu de fonderie comporte à droite une glissière à rails carrés et à gauche une forte douille guidant une colonne verticale en acier dont la hauteur se règle par le volant B placé dessous. Au sommet de cette colonne est fixé un chariot transversal mû par un autre volant A. Sur les rails carrés coulisse une volumineuse poupée, fortement nervurée à l’arrière donc beaucoup moins massive qu’il n’y paraît, qu’un troisième volant C permet de déplacer de gauche à droite.
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LA petite histoire en patois – Bogre d’âne ! • Bougre d’âne !
Ça s’pésse din l’veiye tan, pra d’lo tchêtai di Rosemont. Poè in tchô sruye lo roi o patchi tchemna din l’Val d’li Louvire. Chur qu’à n’vue pé pieure ojd’heu, al s’o gaupa loidji… qu’al o bè, to dora !, les soulies bin brika…
Ça se passe dans l’ancien temps, près du château du Rosemont. Par un chaud soleil le roi est parti se promener dans la Vallée de la Louvière. Sûr qu’il ne va pas pleuvoir aujourd’hui, il s’est vêtu légèrement… qu’il est beau, tout doré ! les souliers bien cirés…
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MAGAZINE – La vie de l’association
Le 8 mars 2025, l’AHPSV a convié ses adhérents à son rendez-vous annuel incontournable : l’Assemblée générale 2025, consacrée au bilan des activités de l’année 2024. L’association compte actuellement soixante-neuf adhérents, dont vingt-huit ont répondu présents à l’invitation et se sont retrouvés à la mairie de Giromagny pour approuver ensemble les rapports moral et financier. La rencontre s’est clôturée autour du verre de l’amitié, favorisant les échanges conviviaux entre participants. Le conseil d’administration reste composé de Martine Demouge, Marie-Noëlle Marline, Claude Parietti, Marthe Peltier, Bernard Perrez, Geneviève Perros et François Sellier. Du côté du Bureau, aucune modification : Marthe Peltier, de Riervescemont, conserve la fonction de secrétaire, Bernard Perrez, de Rougegoutte, celle de trésorier, François Sellier, de Rougemont-le-Château, celle de vice-président, tandis que la présidence est toujours assurée par Marie-Noëlle Marline, de Giromagny.
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