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Édito

L’Association pour l’Histoire et le Patrimoine sous-vosgiens fête, à l’automne 2007, ses vingt ans d’existence. C’est pourquoi La Vôge qui vous est proposée affiche-t-elle sa couverture ornée du chiffre 20.
Pourtant la revue, elle, n’a pas tout à fait 20 ans, puisque le numéro 1 date du mois de juin l988… Compliqué tout cela…
En fait, il avait tout simplement fallu, à l’époque, un bon semestre pour mener à bien, une idée aussi ambitieuse qu’originale : proposer une revue d’Histoire locale, attractive, sérieuse et rigoureuse, le tout dans le cadre d’une diffusion grand public. L’Histoire de chez nous, chez soi, périodiquement, diffusée en kiosque et par abonnement, comme n’importe quel magazine.

Un projet, un pari, un défi, une poignée de passionnés : ainsi naquit La Vôge !
Au fil des ans, l’équipe rédactionnelle a un peu changé. Quelques uns sont partis, d’autres sont arrivés, certains ont poursuivi I’aventure. ll en est de même pour les auteurs dont certains, hélas ont quitté ce monde.

En 2003, la survie de la revue ne tint qu’à un fil. Mais, grâce à vous, lecteurs, qui avez manifesté votre soutien et votre envie de pouvoir lire La Vôge, grâce au Conseil général du Territoire de Belfort et à la plupart des communes du Pays sous-vosgien qui, dès le premier numéro, n’ont cessé d’apporter leur aide financière, le revue poursuit son chemin.
La formule a changé, mais l’esprit demeure.
Aujourd’hui, La Vôge a presque 20 ans. Alors….vive La Vôge !

Table des matières

La manufacture de granit du Phanitor (dite la « grande usine ») (1773 – 1779)

François Liebelin

3

Un élément de la ceinture de feu de l’Est, le fort de Servance

Jacques Schmuck

41

Le coopératisme, un mouvement d’idées marquant du vingtième siècle

Claude Canard

49

Histoire d’outils, l’impression sur tissu ou trocage.

Claude Canard

61

Les Fermes de la Goutte le Heu

Marcel Wuyam

67

Tribulations d’un instituteur en pays sous-vosgien. Le départ forcé de l’instituteur
d’Auxelles-Bas

Maurice Helle

70

Angeot et son histoire

Bernard Groboillot

72

Saint-Nicolas : Une page d’histoire est tournée

François Sellier

78

Le point sur les débits de boisson en 1879 dans le pays sous-vosgien

Maurice Helle

84

La Cure de Giromagny

François Liebellin

88

ll y a 100 ans ! Revue de presse

Maurice Helle

110

ll y a 100 ans ! lncendie à Giromagny

Maurice Helle

122

Sur le chemin des croix : la croix Desmeusy à Lepuix-Gy

Maurice Helle

128

Rougemont-le-Château expose les bornes de son histoire

130

La Sainte-Barbe à Giromagny dimanche 3 décembre 2006

131

Les Médièvales de Rougemont 1-2 et 3 juin 2007

132

La destruction du Café de la Mairie à Giromagny        

133

L’ancienne usine textile d’Etueffont reprend vie

135

La manufacture de granit du Phanitor

« Nous allons construire une grande usine »
C’est en ces termes pompeux que le directeur général de l’exploitation minière, le sieur Henri Patu des Hautschamps désigne la graniterie qu’il projette d’édifier en 1773 au « Phanitor », hameau de Lepuix-Gy.

Mais en guise de préambule quelques rappels :

Les mines polymétalliques du pays sous-vosgien plus connues sous l’appellation de Mines du Rosemont, eurent leur « âge d’or » dans la seconde moitié du XVIème siècle. Dès l6l2-1620 les colonnes les plus riches s’épuisent inexorablement. L’exploitation en profondeur exige désormais I’entretien de coûteuses machines d’exhaure. Des travaux jugés peu rentables sans l’apport de gros investissements font hésiter des concessionnaires frileux avides de rentrer rapidement dans leur mise de fonds.
La guerre dite de « Trente Ans » va contribuer à accentuer le déclin. Le comte de la Suze, premier gouverneur français de Belfort, avec pouvoir d’administrer les seigneuries voisines de Delle et Rosemont se contentera d’amodier les travaux à des compagnies soucieuses avant toute chose de profit immédiat.
Au départ forcé du comte (1654), les mines d’abord régies par un administrateur temporaire feront cinq années plus tard partie la donation faite par Louis XIV à son ministre le Cardinal de Mazarin. Celui-ci en 1661 les rétrocèdera à sa nièce Hortense de Mancini épouse de Charles Armand de la Porte duc de la Meilleraye.
Dès lors, et jusqu’en 1791, le duc de la Meilleraye, puis ses héritiers loueront par des baux de courtes durées l’ensemble de la concession à des entrepreneurs, tentés par des espérances de profits faciles. De 1661 à 1702 se succèdent sept compagnies, qui toutes concentrent leurs efforts sur trois filons jugés encore rentables : Saint-Pierre, Pfennigthurm à Lepuix-Gy, Saint-Jean à Auxelles-Haut.
Une perte de 9 622 livres avouée en 1702 par les amodiateurs d’alors, les sieurs Chaudé et Chauvinière, donne prétexte tout trouvé à l’abandon de l’exploitation.

Pour conserver ses droits régaliens sur la concession, le duc de la Meilleraye doit se résoudre à continuer les travaux à son propre compte. Malgré l’embauche en 1713 de Louis de Fonsjean, un ingénieur métalliste parisien talentueux, la situation ne s’améliore aucunement. De Fonsjean considéré comme un gêneur s’attire bien vite l’animosité d’une partie du personnel dont il dérangeait les habitudes routinières et dévoilait certaines malversations.
La mort du roi Louis XIV, survenue le 1er septembre 1715, va brusquement tout changer dans le district minier. De Fonsjean est congédié par le duc de Mazarin alléguant, faussement d’ailleurs, qu’il aurait perdu plus de 100 000 livres pendant les quatre dernières années d’exploitation. Le duc, à force d’intrigues, réussit à fléchir le régent Philippe d’Orléans. un arrêt du Conseil d’Etat en date du 4 avril lui permet d’arrêter les travaux.
Durant plusieurs mois, les ouvriers non licenciés seront employés au démontage des machine d’exhaure. Pour éviter toute reprise clandestine, on dépêche même des soldats de la garnison pour obstruer les entrées.
Pourtant, dès 1719, le sieur Jean-Ulrich Goll, bourgmestre de Colmar passe une…

(La suite dans : La manufacture de granit du Phanitor (dite la « grande usine ») (1773 – 1779) , par François Liebelin, page 3)

Un élément de la ceinture de feu de l’Est, le fort de Servance

Le 10 mai 1871, la France vaincue signait Ie traité de Francfort et cédait aux vainqueurs les départements d’Alsace et de Lorraine. Belfort par son courage, conservera les couleurs françaises. L’armée désorganisée, déchirée dans ses fondements par la guerre civile de Ia Commune de Paris se trouvait face à des frontières éventrées, privée ainsi de sa ligne de défense naturelle. L’économie du pays était saignée à blanc par l’énorme imposition de guerre allemande de 5 milliards de francs or. Les riches régions industrialisées entretenaient les troupes d’occupation prussiennes. La politique belliqueuse de I’Allemogne restait toujours inquiétante.

Malheureusement, la France avait des effectifs militaires nettement inférieurs à ceux de l’Allemagne. Une seule solution s’imposait, il fallait élever des fortifications permanentes pour assurer la sécurité du pays. La République retrouve ses forces et son crédit sur la scène internationale. Les troupes occupantes libèrent assez rapidement les territoires français autres que ceux annexés d’Alsace et Lorraine. Cette contrainte sera résolue un an plutôt que prévu, le paiement rapide de l’indemnité de guerre verra le dernier soldat prussien quitter le pays en 1873.
Les fortifications tant souhaitées soulevèrent bien des polémiques, la place de Belfort avait tenu, plus par la volonté et le caractère de fer d’un Denfert-Rochereau, que par la résistance de ses murailles. ll fallait donc revoir le principe même de nos fortifications. Ce sera une oeuvre gigantesque, jamais vue depuis Vauban, et qui va coûter plusieurs millions de francs, mobiliser des milliers d’ouvriers. Pas moins de 150 forts, 40 petits ouvrages et 250 batteries seront construits de 1873 à 1885.
Un comité de défense fut constitué le 28 juillet 1872 composé de onze membres sous la Présidence du Ministre de la guerre, le général de Cissey, le secrétaire étant le général Séré de Rivières, commandant le génie du 2° Corps de l’armée de Versailles. Le comité, remanié le I I juin 1873 énonça rapidement la base du nouveau système défensif de la France qui sera constitué par  l’organisation de deux lignes de défense.

La première ligne de défense

Sur la frontière du Nord, elle s’étendait de Dunkerque à la Meuse comprenant les places de Lille, Valenciennes, Maubeuge, et le fort d’Hirson.
La frontière de I’Est, appuyée à la Meuse, devait être organisée de manière à rejeter soit au nord de Verdun. soit au sud de Toul une armée d’envahisseurs.
La première ligne comprenait la Place de Mézières, un ouvrage à Bazeilles, les places de Longwy et de Montmédy, et un ouvrage à Longuyon.
Une ligne de forts sur la Meuse, Par Verdun reliée à la place de Toul.
Pour l’organisation de la défense de la partie de la frontière de I’Est la place d’Epinal et la ligne des forts de la Haute-Moselle se reliaient par le fort de Giromagny aux places de Belfort et de
Montbéliard. Les places de Besançon, de Langres, et la ligne du Jura complétaient la défense de cette partie de la frontière d’Italie, ainsi que la frontière des Pyrénées devaient être protégées ou défendues par quelques ouvrages à construire.

La seconde ligne de défense

La seconde ligne de défense devait être constituée par celle de la Somme, dont l’organisation comportait la création d’ouvrages extérieurs autour des places d’Amiens, de Péronne, et par la ligne des collines de Champagne comprenant trois groupes distincts, celui de la Fère, celui de Reims et celui de Nogent. Ce dernier groupe devait être relié par I’ouvrage de Montereau, à la grande place de Paris. Le comité de défense adopta par la suite la création de la place de Dijon, qui était la clef de la défense du Morvan en raison de sa position, à portée de Maintenon, d’Auxonne et de Besançon.
En 1880, le programme fut l’objet d’une importante extension de la part d’une nouvelle commission de défense constituée par le ministre de la Guerre. Le renforcement de notre frontière de I’Est devint prioritaire. Augmentation des défenses de Verdun, création d’une place à Nancy se reliant à celle de Toul et surtout une nouvelle ligne d’ouvrages à l’est de Belfort pour détendre l’action de la place, et la relier à celle de Montbéliard. L’effort financier fut impressionnant, on dépensa pour l’armée de terre uniquement 2 017 571 482 francs.
La réorganisation de l’armée s’imposa. En mars 1871 on décida la démobilisation et la dissolution des mobiles et de la garde nationale. La loi de juillet 1872 instaura le service militaire obligatoire et universel. La loi de juillet 1873 institua 19 régions de corps d’armée. La loi de mars 1875 fixa les effectifs des armées actives et territoriales. Après les effectifs on s’occupa des
cadres. L’école de Saint-Cyr existant pour les officiers, on créa des écoles militaires pour les sous-officiers, et une école militaire supérieure chargée de former des officiers d’État-Major

Les fortifications dans I’Est de la France

Face à I’Allemagne, se trouvait à l’Est le secteur essentiel à défendre. Les nouvelles frontières imposées par le traité de Francfort avaient été tracées d’une manière à nous priver des obstacles naturels. Les Vosges neutralisées, un véritable couloir s’ouvrait devant les troupes allemandes et mettait Paris à dix jours de marche des avants-postes français. Dans cette région militaire furent créés deux rideaux défensifs : des Hauts de Meuse d’une part et de la Haute Moselle d’autre part constitués par des lignes de forts d’arrêts se couvrant mutuellement par leurs tirs, utilisant le relief du cerrain ils constituaient un véritable barrage.
Verdun-Belfort, les deux rideaux défensifs s’appuyaient à chaque extrémité sur un camp retranché : Verdun,Toul et Épinal.
En 1880 la nouvelle commission reconnut qu’à l’est et au sud, la situation de la place était restée à peu près aussi précaire qu’en 1870.
En 1882, le l2 avril, sous la présidence du Ministre de la Guerre, le général Billot, le comité de défense adopta à l’unanimité l’organisation d’une ligne restreinte de la place de Belfort. Des modifications furent adoptées, ainsi la position de Vézelois fut ouvragée et reliée au Mont-Vaudois par un ouvrage important au Bois d’Oye, et un autre secondaire au Haut-Bois.
Le fort de Château-Lambert ou fort de la tête de l’Ours, fut construit de 1875 à 1878 à l’altitude de 722 mètres. ll est situé à 4700 mètres au nord du fort de Servance. Ce fort est très connu, car il abrite le seul exemplaire d’une casemate en fer laminé. Son armement comprenait 36 canons dont 12 dans les caponnières et 4 mortiers. Sa garnison était de 439 militaires.

Le fort de Servance

La construction d’une redoute au Ballon de Servance.
Le 10 décembre 1876 le Conseil municipal de la commune du Haut-du-Them s’est réuni extraordinairement au lieu de ses séances, sous la présidence de monsieur Bresson, maire, Jacquey François, Daval, Mougenot, Jacquey Joseph, Helle, formant un nombre suffisant pour délibérer. Monsieur Mougenot a été nommé secrétaire. Le même jour se réunit dans la salle des délibérations de la commune de Servance une séance extraordinaire sous la présidence de Monsieur Choffez maire de la commune. Présents : Messieurs Henry, Louis, Davzal, Constant, Genet Delphin, Lamboley, Évariste Faivre-Nérée, Tourdot Constant, Martin Louis et Edouard. La commune de Miellin est également concernée. Les communes devaient se prononcer pour I’aliénation, au profit de l’État d’une parcelle de terrain indivise entre ces
trois communes sur laquelle le Génie militaire a fait construire une redoute ainsi, qu’une route d’accès pour y arriver.
Lettre de l’État-Major général du 7éme corps d’armée adressée à Monsieur le Préfet de Besançon :
 » Par ordre du Ministre, le 21° bataillon de Chasseurs à pied doit arriver le 10 de ce mois, au Ballon de Servance (Commune de Plancher-les-Mines) et y installer un camp sous la tente pour participer, durant trois mois environ, aux travaux des ouvrages de défense que le Génie élève sur ce point. Le Bataillon. fort d’environ 16 officiers et 615 hommes partira de Montbéliard le 9 mai et comme il n’y a pas de gîte d’étape entre Montbéliard et le Ballon de Servance, et que d’autre part la distance entre ces deux points est trop considérable pour être franchie en un jour, il est nécessaire de le faire coucher le 1° mai à Plancher-Bas. Cette localité offre des  ressources suffisantes pour loger ce bataillon, si le logement faisait défaut, on agiralt comme pendant les manoeuvres d’automne 1874, l’on ferait coucher les hommes dans des halles, granges ou abris couverts suffisamment garnis de paille.
Le l0 mai au matin, le bataillon quittera Plancher-Bas pour se rendre au Ballon de Servance, à son camp du Beuret, en passant par Plancher les Mines et remontant la vallée du Rahin. »
Ces dispositions furent ajournées par suite de l’épaisse…

(La suite dans : Un élément de la ceinture de feu de l’Est, le fort de Servance , par Jacques Schmuck, page 41)

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