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Édito

La nouvelle Vôge est arrivée. Elle paraîtra désormais à la cadence d’un seul numéro annuel avec des articles très éclectiques et une iconographie plus attrayante.
Après quinze années de bons et loyaux services, ce magazine édité par l’Association pour l’Histoire et le Patrimoine sous-vosgiens a failli disparaître.

Un sondage effectué auprès des membres de l’association nous a permis d’analyser les raisons d’un essoufflement latent déjà depuis plusieurs années et d’essayer d’y remédier.
Un court rappel historique permettra de mieux appréhender Ia situation.

L’AHPSV fondée en novembre 1987 s’était fixée pour mission :

« La sauvegarde, la mise en valeur et l’animation du Patrimoine historique, ethnologique, artisanal. et industriel du pays sous-vosqien ».

Pour concrétiser ses ambitions, la toute jeune association lançait en juin 1988 le premier numéro de la Vôge. Que de chemin parcouru depuis, d’autant que le champ d’action de la revue s’étend sur les 27 communes du pays sous-vosgien. La tâche est immense. Les amoureux du passé et les acteurs de la sauvegarde et mise en valeur du patrimoine, en petit nombre à notre grand regret, ont pu et peuvent s’exprimer dans notre revue. Je voudrais dans ces quelques lignes remercier tous ceux et toutes celles qui se sont investis sans compter dans la rédaction d’articles, de rubriques, mise en forme, financement etc… Certains parmi eux ont quitté cette terre pour un monde meilleur, d’autres trop âgés ont du cesser toute activité. La relève se fait attendre, beaucoup d’encouragements verbaux mais c’est tout. Un seul nouveau collaborateur a rejoint nos rangs.
L’A.H.PS.V dès sa création, a lancé des cycles de conférences et causeries dans le but de sensibiliser tout un chacun à notre environnement, notre patrimoine naturel et bâti.
Noble cause ! Mais résultats souvent décevants, voire désespérants :
« Un peuple qui n’a pas d’histoire, n’a pas d’avenir » se plaisent à répéter de nombreux acteurs de la vie culturelle. Il est préférable de ne pas mettre en parallèle ces affirmations avec l’indifférence à laquelle nous nous heurtons pour préserver ce patrimoine menacé chaque jour pour satisfaire des impératifs souvent mal définis.
Néanmoins nous continuerons à valoriser nos racines en essayant de donner une plus large place aux activités artisanales, industrielles, au savoir faire, aux conditions de travail et de vie qui ont forgé l’identité bien spécifique de la plupart de nos villages.

F. Liebelin, Président de l’AHPSV.

Table des matières

Du Moulin à l’Usine. Valdoie (1705-2005)

François Liebelin        

3

État des mines et carrières en 1901

Bernard Groboillot

32

L’aéro-club de Belfort-Chaux

François Sellier

33

Histoires d’outils

Claude Canard

40

Quand Lachapelle était un centre pédagogique réputé

Yves Grisez

44

La Rosemontoise de Rougegoutte

Maurice Helle

 55

Souvenirs de la Libération à Lachapelle-sous-Rougemont

Colette Hoss

 

Les civils britanniques internés à Giromagny entre le 18 novembre 1943 et septembre 1944

Roger Horton

 68

Sur le chemin des croix : La croix Beydeck à Grosmagny

Maurice Helle

 79

Magazine. Il y a 100 ans !

 

 

Revue de presse

Maurice Helle

84

Élections municipales à Lepuix-Gy

Maurice Helle

90

À 20 à l’heure dans le Ballon !

François Sellier

91

Sourions un peu…

Maurice Helle

92

60ème anniversaire de la Libération dans le Pays Sous-Vosgien

 

 

Souvenirs de la Libération de Grosmagny. L’épopée des chars « 115 » et »131″

François Liebelin     

93

Commémoration du 60ème Anniversaire de la Libération

François Liebelin – François Sellier

98

Hommage à Roger Barberot

François Sellier

103

40ème anniversaire de I’A.S. Rougegoutte

Maurice Helle

105

La Sainte-Barbe à Plancher-les-Mines

François Sellier

106

La meule d’Etueffont.

François Liebelin 

107

La Vôge a Iu

François Sellier

108

In memoriam Jean Tritter

 

111

Du Moulin à I’Usine. Valdoie (1705-2005)

Le moulin du Pâquis communal

À Valdoie jouxtant le nouveau pont enjambant la Savoureuse se dressent côte à côte, presque intégralement conservés les bâtiments d’un moulin à céréales édifié en 1705 et
ceux du premier tissage mécanique construit en 1856.
À l’occasion du tricentenaire de la naissance de ce modeste site industriel, nous nous proposons de retracer son passé mouvementé.

Valdoie, hameau, puis agglomération située à proximité d’un ancien gué de la Savoureuse resta jusqu’à l’aube du XVIème siècle un modeste village à vocation purement agricole.
Attaché administrativement à la seigneurie du Rosemont du Xllème siècle à l79l , la proximité de la citadelle de Belfort, conditionna définitivement son destin.
Le « Livre rouge », registre des redevances et impôts seigneuriaux, renouvelé par tous les maires et jurés de la seigneurie du Rosemont en « l’an de grâce 1487 » ne mentionne à Valdoie
aucune activité artisanale utilisant I’énergie hydraulique. Moulins et scieries en cette fin du XVème siècle sont pourtant déjà fortement implantés dans la haute vallée de la Savoureuse,
À partir de 1560-1580, la mise en exploitation rationnelle des mines polymétalliques du Rosemont, draine avec elle une population migrante venue des grands centres miniers allemands d’Europe centrale, de Suisse et du Tyrol autrichien. Giromagny siège de la toute nouvelle administration minière, doit pourvoir à la subsistance des nouveaux arrivants par la construction d’une halle couverte ou marché aux blés. Deux moulins édifiés successivement en cette ville suffisent à peine tant la demande est importante.
La mise en culture s’intensifie dans les villages de la basse vallée. Chaux, Sermamagny et Valdoie qui commercent avec les mines ont bientôt leurs propres moulins à céréales. Celui de Valdoie, dit « Moulin sous Salbert », propriété de la famille Rossel apparaît officiellement en 1572.
Les cours d’eau, propriété du seigneur, en l’occurrence ici, l’archiduc d’Autriche obéissent à des règlements draconiens. Ceux de la haute vallée jusqu’à Giromagny restent destinés exclusivement à faire mouvoir les machines hydrauliques de pompage des mines avec un aménagement progressif de tout un réseau d’étangs de stockage pour pallier aux périodes d’étiage des rivières.
Comment expliquer l’apparition d’un second moulin dans un aussi petit village que le Valdoie de cette époque si ce n’est par les relations de commerce nouées avec l’exploitation minière voisine ? Cité pour la première fois en 1601, ce moulin est alors exploité par Galle Rothe, mari de Jeannette Hye, fille du maître fondeur de Lepuix-Gy.

Après la conquête française de 1648, Belfort se tourne désormais tourné vers la France sa nouvelle patrie. La route royale Belfort-Paris franchit la Savoureuse à Valdoie, via Sermamagny, Lachapelle, Lure… Le comte de la Suze, premier seigneur français de Belfort autorise en 1652 Jean-Pierre Jerdat de Valdoie à édifier une « ribe » proche de son moulin.
Entre 1687 et 1703, par la volonté du roi Louis XlV Vauban son grand ingénieur militaire, transforme la ville moyenâgeuse de Belfort en une véritable place de guerre moderne. Il faut pourvoir maintenant à la subsistance de milliers de travailleurs employés à l’édification de la nouvelle forteresse. Les terres cultivées du secteur ne suffisent plus. Les blés, base de l’alimentation, s’achètent principalement dans les baillages voisins de Lure, Luxeuil,Vesoul etc.
ll n’est donc nullement surprenant de trouver en |,692 à Valdoie un troisième moulin, celui de Conrad Tisserand.

La construction du moulin dit du « Pâquis communal »

À l’aube du XVIIIème siècle, Belfort tire une partie de ses farines de deux moulins banaux, l’un intramuros, l’autre à la sortie sud de la ville, en direction de Danjoutin. Le réseau des moulins de proximité, en comptant ceux de Valdoie s’avère encore insuffisant pour nourrir une population en constante augmentation.
Ceci explique peut être l’apparition en 1705 d’un quatrième moulin à Valdoie. Sa construction sur le pâquis communal par Gaspard Tisserand, un particulier du lieu va engendrer de nombreuses contestations, tant pour les droits d’eau que pour le choix de l’emplacement.

Le 6 novembre 1709, les maires et jurés de la communauté valdoyenne somment Gaspard Tisserand de régulariser sa situation.
Les quelques témoins auditionnés rappellent les faits.

« Français Bourgeois de Valdoie âgé de 28 ans dépose être bien souvenant que lorsque Gaspard Tisserand voulut construire le moulin qu’il a fait bâtir sur le pâquis communal, il promît au maire et jurés et à toute la communauté qui était assemblée qu’il leur paierait annuellement 6 livres de rente pour le fond de l’assise du moulin, jardin, chènevière et verger y appendant…
– Jean Pierre Garnier, charbonnier au bois dArsot, âgé de 31 ans, lequel après serment dépose qu’il y a bien environ quatre ans (1705) que Guillaume Perrol et Jean Pierre Mellière étaient chez lui déposant en Arsot lesquels dirent que Gaspard Tisserand leur avait promis à leur communauté de leur payer une rente de 6 livres annuellement pour l’assise et appendant de son moulin qu’il avait nouvellement bâti sur le fond du pâquis communal et qu’il leur donneront une tine de vin de reconnaissance avec une quarte de farine blanche pour faire des gâteaux pour avoir à manger en buvant le dit vin, mais que le dit Gaspard Tisserand ne leur avait jamais rien donné ni à l’un ni à l’autre… »

Le meunier récalcitrant, bon gré mal gré régularise sans plus tarder sa situation. En effet le 9 novembre 1711 il rachète à ses enfants les parts héritées de leur défunte mère, c’est à dire le tiers du moulin et du « gruant » avec les 3,10 livres sols de cens annuels dues à la communauté pour le fonds, plus les 12 quartes de froment aussi dues annuellement à monseigneur le duc de la Meilleraie. Le moulin seul évalué à 500 livres.

Les affaires du meunier ne semblent par être florissantes puisque le 8 janvier 1712 ses créanciers font saisir tous ses biens. Gaspard Tisserand après avoir prêté le serment d’usage
déclare alors :
« devoir depuis très longtemps au sieur Fortier, ci-devant entrepreneur des fortifications de Belfort lo somme de 400 livres en argent au cours d’Alsace que celui-ci lui avait prêté pour la construction du moulin. Déclare en outre ne rien devoir pour les cens (les intérêts) de la somme, attendu qu’il les a acquittés pendant que le sieur Fortier était encore ici et cela pour les moyens des farines qu’il remettait au déclarant pour moudre. »

Avec une évidente mauvaise volonté, le meunier au pied du mur éponge ses dettes. Le 12 juillet 1717, nouveau rebondissement. Gaspard Tisserand maintenant âgé de 80 ans vient d’acquérir le moulin de Frahier où il fixe sa résidence. ll revend celui de Valdoie au plus offrant. Son fils Christophe en devient acquéreur pour 950 livres soit presque le double de sa valeur initiale.
Entre 1705 et 17 17 la montée en puissance de cette usine malgré les déboires financiers du constructeur est quasi certaine.Tisserand fils se voit bientôt, pour l’utilisation du cours d’eau, assujetti d’une redevance annuelle de 12 quartes de céréales à laquelle s’ajoute 6 chapons.

En 1749 le moulin a encore changé de mains. Jean Baptiste Tisserand et sa femme Marie Brizehon, les nouveaux exploitants décident la reconstruction ou plus vraisemblablement l’agrandissement du bâtiment renfermant les installations de meunerie. Tisserand décède en décembre 1756 laissant plusieurs enfants en bas âge. La veuve ne pouvant assumer
seule la bonne marche de l’exploitation, la met en vente. Le tout est acquis par Jean Pierre Keller un riche bourgeois tanneur de Belfort. Il n’est lui-même pas exploitant et passe des
baux de courte durée avec des professionnels du métier.

Description sommaire des quatre moulins de Valdoie en 1773

Le 20 mars 1773, l’intendant de la province Alsace commande un « État des moulins et autres usines établis dans les bans des villes, bourgs et communautés du boilloge de Belfort »
Travail scrupuleux exécuté par un fonctionnaire de l’administration des Ponts et Chaussées d’Alsace avec néanmoins quelques omissions pour certains moulins.
À Valdoie, quatre moulins sont en…

(La suite dans : Du Moulin à I’Usine. Valdoie (1705-2005), par François Liebelin page 3)

État des mines et carrières en 1901 par Bernard Grosboillot

Rapport de l’lngénieur des Mines au Conseil général pour l’année 1901.

Les mines

Le Territoire de Belfort ne comprend qu’une mine, celle de Giromagny, concédée par ordonnance du 26 mai 1843 et qui a pour objet l’extraction du plomb, du cuivre et de l’argent. Elle est en chômage depuis 1894. Une procédure de déchéance a été ouverte contre les concessionnaires en application des dispositions d’une circulaire du 10 mars 1900. Le Service des Mines n’est pas encore informé de l’aboutissement de la procédure.

Recherches de mines

En 1901, des sondages ont été effectués :

  •  1 à Bourg-Sous-Châtelet pour rechercher de la houille,
  • 2 à Felon pour rechercher le prolongement des gisements de sels potassiques reconnus en « pays annexés ».

Ces sondages atteignent une profondeur de 100 mètres à Bourg et de 450 mètres à Felon. Ils ont été ultérieurement abandonnés sans avoir reconnu aucun gisement concessible.

Carrières

Une seule carrière souterraine, sise à Rougemont-le-Château est en activité. On y extrait du sulfate de baryte avec un personnel d’environ dix ouvriers, dont quatre sont employés aux travaux souterrains. La production est de 500 tonnes en 1901, vendues à raison de 30 Francs la tonne.

Par ailleurs, le Territoire de Belfort comprend 115 carrières à ciel ouvert.

L’aéro-club de Belfort-Chaux

Né au cours de la première guerre mondiale, le terrain d’aviation de Chaux accueillait, le 5 septembre 2004, sous un soleil de plomb, près de 20000 personnes pour fêter ses 80 ans d’existence.
Retour sur l’histoire de cet octogénaire.

Né de la Grande Guerre

Avant même le début de la première guerre mondiale, les avions destinés à la protection de Belfort sont parqués au champ de Mars. Dès le début des hostilités, ils ne parviennent guère à enrayer les bombardements (à la main) opérés par les Taubes(1) ennemis. Pire, du 8 février au 10 octobre 1916, Belfort est la cible de la « Grosse Bertha », une pièce à longue portée, installée à 35 kilomètres (au Nord d’Altkirch), qui crache pas moins de 41 obus de 380mm sur la ville.
Les avions du Champ de Mars sont directement menacés, il faut les déplacer… à Fontaine-lès-Luxeuil ! La distance est bien trop grande pour les appareils de l’époque qui arrivent systématiquement après les avions allemands qui viennent d’Habsheim et qui sont sur Belfort en une trentaine de minutes.
Il faut donc trouver une étendue plane située non loin de Belfort. La plaine alluviale de la Savoureuse, située entre Chaux et Sermamagny est toute indiquée.
On réquisitionne les terrains, on nivelle, on ôte les pierres. On construit des hangars Bessoneau, on dresse des baraques Adrian et des ateliers. Au printemps 1917, le terrain
est opérationnel. Il couvre une superficie de 175 ha et peut accueillir (le 16 mars 1917) jusqu’à sept escadrilles soit une centaine d’appareils.
La protection aérienne de Belfort devient alors très efficace.

Défendre Belfort

Suite à l’invention du tir à travers l’hélice (2), la formation des pilotes devient plus rigoureuse encore. Une butte de terre est aménagée au bord du chemin allant de la mairie de
Chaux à celle de Lachapelle-sous-Chaux. Elle permet aux aviateurs de régler leur mitrailleuse. L’entraînement au tir sur cible mobile (cible accrochée à un long câble tiré par un avion) s’effectue au-dessus des bois d’Auxelles qui sont alors interdits à la circulation.
L’exercice de tir sur cible fixe se déroule à l’étang du Malsaucy sur lequel on fait flotter des draps disposés en croix.
Nombreuses sont les escadrilles qui stationnent à Chaux (pas plus de quatre à la fois) mais c’est la SPA 315 (équipée de Spad) qui est plus spécialement affectée à la défense de
Belfort. Un lion est même peint sur le fuselage des avions !
C’est pourtant à l’escadrille N 150 (équipée d’avions Nieuport) que revient la première victoire. Le 18 octobre 1917, le lieutenant Debrieu et l’adjudant Vigier abattent un avion allemand qui va s’écraser à I’extrêmité du faubourg de Montbéliard à Belfort avant d’être exposé à la population sur la Place d’Armes, devant la mairie (voir encadré page 37).
L’escadrille SPA 49 (citée à l’ordre de l’Armée pour ses 32 victoires) brille également pour la qualité de ses missions de reconnaissance photographique entreprises depuis Chaux, grâce notamment au sous-lieutenant Estienne (3). Sur son monoplace, il utilise un système photographique très performant dont il est l’inventeur.

L’histoire continue

Les escadrilles stationnées à Chaux contribuent sans conteste à limiter les effets des bombardements allemands sur Belfort et ses environs immédiats. L’ennemi perd la maîtrise du ciel belfortain acquise au début de l’année 1916.
Le 11 novembre 1918, les avions décollent de Chaux et pour fêter la victoire, tournoient au-dessus de Belfort en lançant des fusées et en faisant des loopings.
Après I’Armistice du 11 novembre 1918. l’activité aérienne militaire se poursuit. Le 27 mai 1919, deux aviateurs perdent encore la vie en chutant avec leur appareil sur la piste du terrain de Chaux. ll s’agit du lieutenant Gigonzac et de I’adjudant Guillaud. L’un est tué sur le coup, le second, transporté dans un premier temps à la pharmacie Petitdemange à Valdoie, décèdera le lendemain à I’hôpital de Belfort.
Mais la guerre est finie. Les propriétaires veulent récupérer leurs terres réquisitionnées. L’Etat tergiverse et se décide enfin, en 1920. Le ministère des Travaux publics achète 53 hectares du terrain pour en faire un aérodrome de manoeuvre ; les 122 hectares inutilisés étant rendus à leurs propriétaires qui sont indemnisés.

Zone interdite

Le 1er juillet 1924, deux anciens pilotes de la Grande guerre, Marcel Hugues et Georges Lienhart, créent I’Aéro-Club de Belfort dont le siège social est établi 4 Faubourg des Ancêtres à Belfort. Le terrain de Chaux en devient naturellement la base. Mais la région de Belfort est comprise dans la « zone interdite » c’est à dire qu’il est interdit de la survoler sous peine de graves sanctions. Aussi I’Aéro-club est-il, pendant plusieurs années, dans l’impossibilité d’avoir des avions et de s’en servir. Les responsables doivent donc se contenter de créer une école de mécaniciens avec la collaboration d’instructeurs bénévoles: MM. Gable, Wandres, Lienhart, Oudard, Eglin et Boussard sous la direction de M. Marcel Pfiffelmann. Les brillants résultats obtenus par cette école conduisent le Ministère de I’Air à lui affecter un instructeur militaire. L’instruction se fait d’abord dans une baraque Adrian puis dans un local offert par Alsthom.
En I 930, un hangar spacieux est construit pour abriter le premier avion de I’Aéro-club, un Henriot 14 prêté par le Ministère de l’Air. ll faut attendre la levée de la « zone interdite » en 1931 pour qu’enfin le monomoteur prenne son premier envol. C’est le début de la section vol moteur et de l’école de pilotage.
Au cours des années 1933 et 1934, douze pilotes sont formés par le capitaine d’aviation de réserve Mathey, instructeur bénévole. En 1936, le club compte dix appareils : Henriot 14, Morane 35, Caudron Phalène, Caudron 109 et 232, Potez 36 et 58, Farman 200 et234, Salmson Phrygane. Un second hangar (construit par le Ministère de l’Air) accueille également jusqu’en 1939, deux avions militaires Mureaux 115 formant un GAO (Groupe aérien d’observation).
En juin 1934, sous la présidence de M. Albert Japy (4), un réservoir d’essence souterrain d’une capacité de 2000 litres est installé par la société des « Pétroles Jupiter > aux abords de la route reliant Sermamagny à Lachapelle-sous-Chaux. Quelques mois plus tard un réservoir de 10000 litres puis un de 4000 viennent compléter l’installation.

Un visiteur prestigieux

En 1938, le terrain de Chaux accueille de manière imprévue un illustre personnage en la personne de…

(La suite dans : L’aéro-club de Belfort-Chaux, par François Sellier page 33)

Les civils britanniques internés à Giromagny entre le 18 novembre 1943 et septembre 1944

Les pages qui vont suivre sont extraites de l’ouvrage écrit par Monsieur Roger Horton qui a été arrêté le 20 mars 1944 en Belgique et prisonnier aux casernes de Giromagny :
Les civils britanniques internés en Europe entre 1939 et 1945 « . Il nous a aimablement permis de les faire paraître dans la revue La Vôge.

Ce document, en partie autobiographique, a pour but de relater la vie des civils britanniques résidant en Europe avant 1939.Pris au piège lors de l’invasion de ces différents pays par la guerre éclair des troupes allemandes, on les retrouvera tant dans les camps d’internements qu’en dehors de ceux-ci, soit en « liberté conditionnelle », soit « assignés à résidence » sous l’occupation allemande.

Qui étaient ces civils britanniques ?

Qui étaient ces civils britanniques résidant principalement en Europe de I’Ouest à la déclaration de la guerre en septembre 1939 ?

  1. En général, des anciens combattants de la guerre 19l4-1918 qui ont fondé un foyer dans un pays où ils avaient combattu et avec l’espoir d’une paix durable.
  2. Les épouses qui, n’ayant pas renoncé à la nationalité de leur conjoint au moment de leur mariage, devenaient de ce fait sujets britanniques.
  3. Des citoyens britanniques venus s’établir sur le continent avec leur famille afin d’y travailler.
  4. Les enfants nés de ces unions (de père britannique) et n’ayant pas atteint l’âge d’option de ce!te époque. L’option afin d’obtenir la nationalité en Belgique était de 21 ans ou 18 ans avec émancipation.
    Nous retrouverons par conséquent de nombreux jeunes dans ces camps d’internés.
  5. Enfin, les enfants de parents non britanniques, mais nés, soit en Grande-Bretagne, soit dans un des Dominions britanniques et qui étaient devenus eux aussi des sujets britanniques ! Nous en retrouverons également dans ces camps.

C’est ainsi que plusieurs milliers d’hommes, de femmes d’enfants, pris au piège par Ia guerre éclair des troupes allemandes en 1940, se retrouveront internés dans de très nombreux camps.

D’après un rapport officiel de la Croix Rouge, 980 internés ont rallié ce camp. Ce chiffre comprenait une centaine d’américains qui seront transférés vers un autre camp en janvier 1944. C’est ainsi qu’à la date du 7 mars 1944,la population du camp sera ramenée à 867 internés.

Au sujet des internés civils américains

Tout comme les Britanniques, les civils américains furent arrêtés après l’entrée en guerre des Etats-Unis contre les pays de l’Axe, consécutive à l’attaque de Pearl Harbour le 7 décembre 1941 par le Japon. Dès janvier 1942, 86 hommes seront internés au camp de Beverloo en Belgique d’où ils seront par la suite dirigés sur le camp des civils britanniques de Tost. Le 10 novembre 1943, ils feront partie du voyage à destination de Giromagny, en France. En janvier 1944, ils seront envoyés à Compiègne où ils séjourneront jusqu’en avril 1944 avant d’être transférés, à nouveau, à Clermont-sur-Oise et d’être libérés par les troupes américaines.

Fin octobre 1943, les internés de Tost reçoivent l’ordre de préparer leurs bagages afin d’être transférés à Giromagny, près de Belfort, en France, ce départ étant prévu pour le 3 novembre. Ce transfert donnait aux internés la possibilité de recevoir des visites de leur famille respective.

Le camp de Giromagny

Dès notre arrivée à Kreuzer, et suivant les conseils des responsables du camp, nous demandons notre transfert pour Giromagny, où étaient internés mon père ainsi que les parents de deux autres compagnons d’infortune. Cette demande une fois formulée, nous avions très peu d’espoir de Ia voir se réaliser. Par une chance inouïe et grâce à une visite de la Croix Rouge suisse en avril 1944, nous recevons l’ordre, le 18 mai, de faire nos bagages afin d’être transférés en Alsace.

Ce voyage ne sera guère une simple formalité ! Le premier jour, nous arrivons à Breslau. Nous y passerons la nuit dans une caserne de la Wehrmacht et y recevrons notre meilleur repas depuis notre internement: le même que celui des soldats.

Le lendemain, nous sommes pris en charge par deux sentinelles qui, venant du front de l’Est, retournaient en permission dans la même direction. ll s’agissait de deux Alsaciens  incorporés de force dans la Wehrmacht, I’un parlant le français couramment, l’autre ne nous adressant pas la parole et restant muet durant tout le trajet. Après quelques moments d’hésitation, notre Alsacien nous fait comprendre que sur le front russe il en a vu assez et qu’il espère bien déserter sous peu ! Grâce à ces précisions, la glace étant rompue, le trajet s’effectuera sans problème jusqu’à Leipzig.

Arrivés dans cette ville où les destructions sont visibles, nous subissons notre première alerte aérienne et sommes contraints de quitter notre train afin de nous réfugier dans les abris de Ia gare avec nos deux gardes. Dès la fin de l’alerte, nous quittons notre refuge qui, entre temps, avait été envahi par une foule de civils et de militaires. Dans la cohue qui s’ensuit. Nous perdons nos geôliers et, sur le quai, nous sommes rapidement entourés par une bande de SS enragés et armés de mitrailleuses. N’ayant aucun papier à leur montrer, j’essaye tant bien que mal de leur faire comprendre que nous étions des prisonniers (sans stipuler que nous sommes des sujets britanniques) ayant perdu la trace de leurs sentinelles lors de I’alerte. Un appel par haut-parleur ramène nos deux Alsaciens qui sont accueillis rudement comme il se doit, Dans une telle conjoncture, vouloir sortir de la gare sans papier aurait été un véritable suicide, le nombre de SS en armes y était invraisemblable.

On nous dirige enfin vers un train de la Croix Rouge qui ramène du front de l’Est de grands mutilés allemands allant passer leur convalescence dans le Pas de Calais. Arrivés en gare de Stuttgart, nous abandonnons le train pour monter dans un tram qui nous fait traverser la ville au milieu des décombres. Cette ville est en ruine et tous les habitants se terrent dans les caves.

Un nouveau train nous amènera à Belfort vers 6 heures du matin. Là, nous serons pris en charge par des responsables du camp de Giromagny et nous retrouverons, avec la joie que I’on peut deviner, nos pères et frères respectifs.
Ce camp, sous la direction du colonel Kalifius, est situé à la…

(La suite dans : Les civils britanniques internés à Giromagny entre le 18 novembre 1943 et septembre 1944, par Roger Horton page 68)

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