
Regard sur la Vôge
Il y a toujours un territoire où le temps s’écoule moins vite qu’ailleurs, où les gens savent et peuvent prendre leur temps. Un territoire où l’on n’a pas encore le sentiment d’être happé par le mouvement implacable de la marche du temps.
Patrimoine Belfortais
Les écarts ou les Essarts ces terres qui reviennent fréquemment de la toponymie locale et qui désignent la frange défrichée des agglomérations rurales – restent encore ouverts à ceux qui veulent se soustraire un moment, court ou long, au tohu-bohu de la civilisation moderne. Des aires de repos et de détente que les Belfortais peuvent trouver également dans leur bois, dans leur prairies, aux bords de leurs rivières.
Leur passé est encore si proche qu’il les convie à flâner sur les sentes d’autrefois.
Le patrimoine des Belfortais est assez riche pour leur indiquer les chemins de leur mémoire à travers les siècles. Il y a sans doute en Alsace et en Franche-Comté, des contrées ou le legs des civilisations et des siècles est plus nombreux et plus imposant. Mais outre que le territoire de Belfort, il n’est pas négligeable, il serait abusif de restreindre la notion de patrimoine au seuls chefs-d’œuvre des Beaux-Arts et de l’Histoire. Au premier rang, de ce que nous ont légué nos ancêtres, il faut placer la nature, une nature lentement, conquise, modelée et ornée au long des décennies, vêtue d’une humanité et d’une authenticité universelles.
La Vôge
Au nord des collines du Salbert et de l’Arsot, séparées par la vallée de la Savoureuse, porte d’entrée de l’agglomération Belfortaine, la Vôge s’étire, belle, large, ensorcelante. C’est l’un des plus beaux paysages de France; qui n’a pas entendu parler de la ligne bleue des Vosges et de son sommet le plus célèbre, le Ballon d’Alsace ?
Ah ce ballon d’Alsace, sorte de tarentule au gros corps rond, d’ou s’étendent quatre chaînes ainsi que des pattes avides. Par le Gresson et le Baerenkopf, il explore les pays d’Est; par la côte de Saint Antoine et celle de château-Lambert, il étreint la Franche-Comté orientale ; sa taille grandit de la zone sous vosgienne. C’est tout cela la Vôge.
Depuis le versant nord du Salbert, par temps clair, on aperçoit une masse voilée, un peu indécise, accostée d’une nuée laiteuse, toutes deux si haut dans le ciel, qu’on les croirait un orage menaçant ; c’est le Ballon d’Alsace et le ballon de Servances, les Burgraves plantés comme deux sentinelles, l’un surveillant l’autre.