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Table des matières

La vertu de nos grands-mères, mythe ou réalité ?

Jean de Zutter

2

Les mines du Rosemont en 1741

François Liebelin

6

Il y a 100 ans

François Sellier

19

Rodolphe Sommer (roman) 16 – Jour de fête

Pierre Haas

25

Le canal de Montbéliard à la Haute-Saône

Bernard Groboillot

30

Le dur métier de gabelous : une patrouille au Ballon d’Alsace

 

36

MAGAZINE

 

 

La préceptrice du maréchal Leclerc

Jean Tritter

38

Objets d’un culte clandestin

Jean Demenus

39

Du côté du Vieux-Château de Rougemont

Pierre Walter

40

Le calvaire mutilé

Jean Demenus

42

La vertu de nos grands-mères, mythe ou réalité ?

La question posée est, évidemment, provocatrice. Si l’on peut admettre qu’à une époque donnée, certaines personnes sont plus vertueuses que d’autres, comparer, dans le domaine de la morale, des époques différentes n’a aucun sens. La guerre de 1939-1945 a connu des collaborateurs et des résistants. Et on ne peut pas mettre sur un pied d’égalité les uns et les autres mais, hormis le général De Gaulle, les français n’ont-ils pas été, plus ou moins, et successivement collaborateurs et résistants. Aujourd’hui le colonialisme est moralement condamné mais au début du XXème siècle, les esprits les plus ouverts et les plus progressistes ne luttaient pas contre la colonisation, (mettre en doute la supériorité de l’homme blanc était considéré comme une absurdité), mais pour mettre en ploce une colonisotion douce (qui respecte les indigènes). Condamner aujourd’hui la publicité de Banania de l’époque est bien, mais alors, personne ne la remettait en cause.

Entre 1795 et 1894, 193 des 267 mariages célébrés à Leval ont été des mariages dont la fécondité nous est, au moins partiellement, connues, soit qu’il s’agisse de mariages suivis de naissances enregistrées elles-aussi à Leval, soit qu’il s’agisse de mariages ayant été précédés de naissances enregistrées à Leval ou dans d’autres communes (les enfants nés hors mariages qui ont été légitimés par leurs parents au moment de leur mariage). Durant cette période, les mariages et naissances enregistrés ont été plus nombreux. Bien des garçons de Leval ont été se marier ailleurs et ont formé des couples dont les enfants sont nés – sans doute pour la plupart – à Leval. Mais nous ignorons leur date exacte de mariage et n’avons pas pu les étudier. A l’inverse, bien des mariages célébrés à Leval n’ont eu aucune suite, les filles ayant suivi leur mari dans leur village d’origine.

Mesurer la vertu de nos grands-mères n’est pas chose aisée. A entendre les récits de nos grands-parents, la question ne se pose même pas ! Leur comportement a toujours été exemplaire et fidèle aux préceptes de la morale et de la religion. Leur attitude aujourd’hui étant la suite évidente de leur comportement d’hier. Pourtant, quelquefois, au hasard d’une conversation, il nous est bien apparu que la naissance d’un oncle ou d’une tante, de notre père ou de notre mère, suivait d’assez près la date du mariage de nos grands-parents. Mais nous n’avons pas insisté. La faute – si faute il y avait – était à imputer aux flammes de I’amour et le comportement de nos grands-parents était exceptionnel. Qu’en est-il exactement ?
Mesurer la vertu de nos grands-parents suppose que l’on sache précisément ce qu’il faut entendre par vertu et que l’on dispose d’un instrument de mesure. On peut, évidemment, mesurer la vertu aux récits, romans, oeuvres biographiques… de l’époque. Mais l’on sait bien qu’en général, ces écrits ne décrivent pas le quotidien, la norme, mais au contraire l’unique, le particulier, l’exceptionnel. Lire Sade améliore sans doute notre culture générale et nos pratiques sexuelles mais ne nous renseigne pas à coup sûr sur les règles de la morale et des relations entre individus qui existaient à l’époque du « divin marquis » (fin de l’Ancien Régime, Révolution et Premier Empire). De même les manuels destinés à conseiller les prêtres lors de la confession des fidèles, s’ils évoquent souvent et même très longuement les péchés de chair, conseillent aussi de ne pas trop parler de sexe et de ne pas trop s’attarder sur les différents outrages possibles aux bonnes moeurs de peur d’apprendre à des paroissiens qui ne les connaîtraient pas des pratiques sexuelles originales et aussi pour ne pas les inciter à mentir en taisant des péchés qu’ils ne veulent pas avouer.
Pour pécher, il faut avoir conscience de mal faire. Or, pour bien des croyants les conceptions des bonnes et des mauvaises pratiques sexuelles ne correspondent pas forcément avec celles de I’Eglise. En admettant même que l’Eglise ait eu elle-même une position claire et unique sur ces pratiques !
Parmi les diverses sources que I’on pourrait consulter pour traiter de valeurs morales, la première idée serait de consulter les archives de la police et surtout de la Justice. Il suffirait d’établir un pourcentage des crimes et délits et de comparer. Mais, dès le départ, cette approche apparaît faussée. Les crimes et délits d’hier ne sont pas ou ne sont plus ceux  d’aujourd’hui. Hier, la justice condamnait à mort et les exécutions se déroulaient en public. Hier, les …

(La suite dans : La vertu de nos grands-mères, mythe ou réalité ?, par Jean de Zutter, page 2)

Les mines du Rosemont en 1741

Les mines polymétalliques dites d’Alsace et Sundgau, plus connues sous l’appellation de Mines du Rosemont ou d’Auxelles-Giromagny ; exploitées à partir de la seconde moitié du XVIème siècle d’une manière industrielle et rationnelle par des techniciens et ouvriers compétents originaires des grands centres miniers allemands, (Hartz – monts métallifères ou autrichiens, Schwaz – vallée de I’lnn etc….) traversent dès 1610 une passe difficile. L’insuffisance des filons de plomb nécessaires à l’affinage des billons d’argent provoque une recrudescence des prospections. On multiplie un peu partout à Lepuix, Auxelles-Haut, Lamadeleine les sondages et le creusement de galeries de recherches, mais souvent vainement. Quelques quarante filons sont recensés.

Dès 1625-l632, les colonnes les plus riches s’épuisent graduellement. En 1632, des problèmes d’exhaure quasi insurmontables liés à la diminution de puissance des filons exigent à court terme l’abandon de deux mines classées parmi les plus importantes (Gesellschaft à Auxelles-Haut et Teutschgrund à Lepuix).
L’invasion suédoise de janvier 1633 ne fait qu’accentuer ce processus. En 1638, l’exploitation est moribonde. Le comte de la Suze, nouveau seigneur de Belfort peu compétent en affaires minières, se laisse abuser par des capitalistes bâlois qui possèdent encore des parts dans I’exploitation. Ayant embrassé le parti du prince de Condé, chef de la « Fronde », de La Suze doit rendre au roi la terre de Belfort. 
D’abord régies par le représentant du pouvoir royal en Alsace, les mines sont en 1659 données par Louis XIV à son ministre le cardinal  de Mazarin lequel, en 1661 les  rétrocède à sa nièce Hortense de Mancini, épouse de Charles Armand de la Porte, marquis de la Meilleraye.
Dès lors, et jusqu’en 1791, le duc de la Meilleraye, puis ses descendants loueront par des baux de courtes durées l’ensemble de la concession à des entrepreneurs souvent peu scrupuleux, tentés par des espérances de profits faciles en investissant le strict minimum, laissant les mineurs travailler à leurs risque et péril dans des travaux rendus dangereux.
De 1661 à 1702 on recense pas moins de sept compagnies. Pour conserver ses droits régaliens sur les mines du Rosemont, le duc de Mazarin doit se résoudre à continuer les travaux à son propre compte entre 1702 et 1716. Afin d’enrayer une situation devenue catastrophique, la famille de Mazarin fait venir à Giromagny ( 1er septembre 1713), un ingénieur parisien d’une renommée incontestable: il s’agit de Louis de Fonsjean.
La situation des mines du Rosemont en 1715 a été décrite et analysée dans la Vôge n°6 de décembre 1990, nous n’y reviendrons donc pas. Les mesures drastiques imposées par de Fonsjean lui créent des inimitiés tant dans l’administration minière que parmi les ouvriers eux-mêmes. L’ingénieur parisien, était un « gêneur », d’abord soutenu et encouragé par les Mazarin, la mort du roi Louis XIV, survenue le 1er septembre 1715, va brusquement tout changer dans le district minier.
De Fonsjean est congédié deux mois plus tard, puis le propriétaire allègue, faussement d’ailleurs, qu’il a perdu plus de 100000 livres pendant les quatre dernières années d’exploitation.
Le duc réussit à force d’intrigues à fléchir le régent Philippe d’Orléans. Un arrêt du Conseil d’État en date du 4 avril 1716 lui permet la cessation d’activité sur l’ensemble de la concession. Pendant quelques mois encore, les ouvriers sont employés au démontage des machines. Tout ce qui était récupérable est vendu sur la place publique de Giromagny.
Plusieurs centaines d’ouvriers se trouvaient sur le pavé. Certains allèrent exploiter les mines de fer de Roppe, d’autres se reconvertirent dans la paysannerie de montagne. En 1730, les fondeurs obtinrent l’autorisation de retraiter dans la vieille fonderie de Lepuix, les déblais accumulés au fil des siècles.
Trois années plus tard, ayant appris que le duc de Bourbon, grand maître des mines du royaume, s’apprêtait à laisser la concession abandonnée de Giromagny à une compagnie fondée par un entrepreneur anglais, David Floyde avec six associés, (compagnie déjà bénéficiaire de la concession voisine de Plancher les Mines), la famille Mazarin s’empresse de transiger avec l’administrateur de cette société, en lui louant la totalité des mines pour dix huit années.
La nouvelle compagnie dilapide rapidement son capital dans la reconstruction de machines hydrauliques à Pfennigthurm, Saint-Pierre, de bocards et d’une nouvelle fonderie dite « à l’anglaise » sur l’ancienne halde du Pfennigthurm.
La maison, située sur le carreau de la mine Saint-Pierre, où logeait traditionnellement le régisseur des travaux, a été vendue en 1719. David Floyde obtient en compensation le…

(La suite dans : Les mines du Rosemont en 1741, par François Liebelin, page 6)

Il y a 100 ans !

Le triomphe de l’Exposition Universelle de 1900, symbole d’une France qui se veut prospère et moderniste, ne saurait cacher la sombre réalité de la condition ouvrière.
Même si la loi Millerand du 30 mars 1900 limite la journée de labeur à 11 heures pour tous, les ouvriers demeurent soumis à des conditions de travail qui n’évoluent pas assez vite.
Un peu partout en France, sous la pression des syndicats, des mouvements sociaux éclatent. L’industrie textile, fleuron de l’économie locale n’est pas en reste d’autant qu’un syndicat textile existe à Belfort et qu’une section s’est formée à Giromagny.
En mai 1900, déjà (voir Vôge n’25) une grève de quelques jours avait perturbé le travail des deux usines Warnod-Boigeol et Cie de Giromagny. Le travail avait repris rapidement mais le climat restait tendu…
Le lundi 20 août, une nouvelle grève éclate et pourtant la veille, le curé avait mis en garde du haut de sa chaire « pourquoi vous mettre en grève, vous avez de si bons patrons ». Cette grève sera la plus importante que la ville de Giromagny ait jamais connue. Voici l’histoire de ce mouvement qui aura duré 44 jours !

Mettre le portier à la porte…

Les premiers à se mettre en grève ce lundi 20 août 1900 sont les ouvriers du tissage du Moulin.
Ils réclament le renvoi du portier, le paiement au mètre plutôt qu’à la pièce de tissu, un aménagement des amendes. Ils sont aussitôt rejoints par les fileurs de l’usine du Rioz qui demandent une augmentation de salaire. Le vendredi 24 août, une partie des travailleurs de l’usine de préparation dite « usine du Brûlé » se mettent aussi en grève devant la menace des patrons de fermer toutes les usines. Eux, réclament également le paiement au mètre et le renvoi d’un contremaître. « On craint que la grève ne gagne les usines d’ Etueffont-Haut et d’ Auxelles-Bas appartenant à la même société » s’inquiète le Journal de Belfort.
Justement, le 26 août, les grévistes de Giromagny se rendent à Etueffont-Haut pour inviter leurs collègues à se joindre au mouvement qui s’est étoffé au fil des jours. Il sont près de 350 à faire grève mais les « Taffions » ne les suivront pas.
Les ouvriers conduits par Baumgartner, le très influent responsable de la cellule syndicale de Giromagny, négocient la journée et se réunissent le soir pour entendre les orateurs, Werlings (1) Dreyfus (2) et surtout Bonnot (3) et Pierre Bietry (4).
Le jeudi 30 août, les négociations ont bien avancé :

  • un accord est intervenu sur les modalités d’application des amendes
  • le portier sera désormais surveillant de nuit
  • le paiement des pièces d’étoffe reste litigieux. En effet, les tisserands sont payés pour 80 mètres alors que les pièces qu’ils fabriquent mesurent de 95 à 100 mètres ! Faute de pouvoir obtenir un paiement au mètre linéaire effectif, les ouvriers demandent une tolérance de 10 % (80 m + 10 %) mais les patrons exigent une tolérance de 15 %…

Bref, une entente semble possible, mais un grand point de discorde demeure : le renvoi des meneurs par les patrons. Dès le début du mouvement, les patrons avaient fait placarder une affiche sur laquelle ils avertissaient que ceux des grévistes qui n’auraient pas repris le travail le jeudi (23 août) pourraient venir chercher leur compte et retirer leur livret. Pour les ouvriers, il n’est pas question de reprendre le travail tant que les patrons ne se seront pas engagés à reprendre leurs camarades. Réunis le soir du 30 août autour de Bietry et Bonnot arrivés tout droit de Besançon, les grévistes décident donc de poursuivre le mouvement.

Outrage à la force publique

Le lendemain, vendredi 31 août, la tension monte d’un cran. En effet, le soir au cours d’une nouvelle conférence en plein air, Pierre Bietry prend à parti le maréchal des logis chef Viennet, venu de la gendarmerie de Belfort pour commander le détachement de la force publique pendant la grève. ‘le voilà, ce commandant de la force publique qui vient ici pour troubler l’ordre public [et pour nous emm… (5)] : il est payé par les patrons! ». A l’issue de la réunion Bietry est arrêté pour outrage à la force publique et conduit à la prison de Belfort. Il sera jugé au tribunal correctionnel de Belfort le 7 septembre (voir encadré).
La grève continue. Les grévistes bénéficient de la plus grande sympathie de la population en général et des commerçants en particulier. Arrivé de Paris, un député socialiste du nom de Walter appelle les ouvriers à résister d’autant que les patrons ne veulent toujours pas réintégrer les six grévistes qu’ils ont limogés. Quatre d’entre deux font partie du syndicat. Pour le reste tout est à peu près réglé. Le portier du Rioz a donc été déplacé de même que le contremaître du Brûlé (jugé trop immoral par les travailleurs).
Les amendes pour fautes imputables à l’ouvrier, ne feront plus (dans une certaine mesure) perdre la prime. Les ouvriers souhaitent de plus en plus un arbitrage extérieur que refusent les patrons estimant être les seuls à avoir fait des concessions. La Frontière du 20 septembre nous apprend qu’un vote sur la poursuite de la grève a recueilli une grande majorité de oui même si le nombre des abstentionnistes a été aussi grand que celui des votants…

(La suite dans : Il y a 100 ans, par François Sellier, page 20)

Il y a 130 ans : la fin d’un siège

13 février 1871, 8 heures et demie du soir. Le silence, enfin. Il était temps…
La population belfortaine et la garnison sont épuisées. Le siège de Belfort aura duré 103 jours ! Le commandant Denfert Rochereau est autorisé à consentir à la reddition de la place avec cette clause : « La garnison sortira avec les honneurs de la guerre et emportera les archives de la place, elle ralliera le poste français le plus voisin. »
Cinq jours plus tard, les troupes allemandes pénètrent dans la ville par la porte de Brisach. L’occupation durera jusqu’en août 1873.
Cette page de l’histoire de Belfort est bien connue; le vécu des gens du Pays-sous-Vosgien durant ces moments noirs l’est sans doute beaucoup moins.
C’est la raison pour laquelle, à l’occasion du « 130° anniversaire » de la levée du siège de Belfort, nous vous proposons des extraits de deux lettres écrites par un jeune homme de Giromagny, Charles Crave, qui avait une quinzaine d’années au moment des faits. Ces lettres ont été publiées intégralement dans la « Revue d’Alsace » en 1935.
Le premier écrit du jeune Crave, adressé à son oncle, est daté du 26 décembre 187l. Il raconte en détail l’arrivée des uhlans à Giromagny, le combat du 2 novembre 1870 à Grosmagny, la déroute de I’armée de Bourbaki, mais nous nous contenterons de vous livrer la fin de la lettre, quand après le traité de Francfort (10 mai 1871) le jeune homme sait qu’il restera français.
(… Si par malheur cette ville n’avait pas soutenu courageusement le siège, nous serions Prussiens… Nous avons été longtemps dans l’incertitude après Belfort débloqué, ne sachant pas si nous ferions partie de la Prusse ou si nous serions Français…
Un beau jour, un gendarme fronçais vint nous annoncer que nous étions François grâce à Belfort, et trois jours après Ia brigade de Giromagny arrive sur le soir; le lendemain matin, on ne sait comment ils ont disparu, mais il n’y avait plus ni gendarme prussien, ni sous-préfet, ni percepteur-armurier. Belfort a donc été débloqué le 13 février. A partir de ce jour, les Prussiens ont quitté Giromagny. Il ne nous restait plus que l’ambulance, qui peu à peu est partie ; mais fréquemment il arrivait des colonnes, que l’on était obligé de loger; à présent encore il en vient se promener, et aussitôt qu’on les voit on a des coliques.
Pour tout le Haut-Rhin nous sommes maintenant 4 cantons. Vous ne pourriez vous imaginer quel tracas il y a eu à la mairie. Le maire ne pouvait plus tenir. Aussi tous les jours il y avait un conseiller pour aller remplacer le maire. Vous pensez quels tourments ils ont endurés. Mon papa, qui est du Conseil, y a passé quinze longues journées…
Pour le moment, tout va assez bien à Giromagny, quoi qu’on se ressente encore d’avoir eu des Prussiens. Cet hiver, la petite vérole a beaucoup régné à Giromagny ; maintenant nous avons un froid de 21 degrés, ce qui n’a pas eu lieu depuis environ un siècle…
Le 2 août 1873, l’occupant quitte Belfort tandis que les Alsaciens arrivent en masse dans le tout nouveau  » Territoire de Belfort « . C’est ce que nous raconte la deuxième lettre de Charles Crave, écrite à Giromagny le 29 décembre 1873. Extraits :
… Vous savez que la ville de Belfort a construit une cité pour les Alsaciens-Lorrains qui arrivent toujours en grand nombre, mais malgré cela les villages environnants se remplissent.
Giromagny est devenu tellement populeux que c’est à ne plus s’y reconnaître. Les maisons ont toutes changé d’aspect. Tous les jours on voit arriver des familles alsaciennes toutes en noir, en deuil, car il est impossible de rester en Alsace.
A présent tout devient cher, le commerce est complètement altéré, les plus grands établissements d’Alsace sont tous fermés ; un grand nombre émigrent avec tout leur matériel. Le vin acquiert un prix énorme, car si l’on veut entrer du vin en Alsace, les…

(La suite dans : Il y a 130 ans : la fin d’un siège, par François Sellier, page 22)

Le canal de Montbéliard à la Haute-Saône

Dans le n°21 de La Vôge, nous avons vu que les préoccupations stratégiques déterminaient pour une bonne part la réalisation des grandes infrastructures de notre pays.Il s’agissait alors de présenter à nos lecteurs le projet de percement du Ballon d’Alsace pour y foire passer une voie ferrée, liaison projetée entre Ia Mer du Nord et la Suisse évitant I’Alsace-Lorraine annexées. La guerre de 1914-1918 et le retour de ces provinces à la France fit perdre au projet une bonne part de son intérêt et il fut abandonné.
Voyons un autre exemple, celui du canal de Montbéliard à la Haute-Saône qui, sur la dernière partie de son tracé, longe Ia région sous-vosgienne.

La liaison entre la Méditerranée et la Mer du Nord, via le Rhône et le Rhin est réalisée en 1833 par I’ouverture à la navigation du canal du Rhône au Rhin, long de 323 kilomètres, de Saint-Symphorien sur la Saône à Strasbourg sur le Rhin.
Après la défaite de 1870, la France perd 136 kilomètres du canal situés en Alsace. Ce qui reste de I’ancienne voie navigable : le Rhône et le canal resté français, est une impasse buttant sur la frontière allemande à Montreux-Château. Sans tarder est mis en chantier un canal reliant la Moselle à la Saône, c’est le canal de I’Est, mis en service en 1882. Dans le même temps, un canal reliant Montbéliard (sur le canal du Rhône au Rhin) et la Saône (canal de l’Est) est mis à l’étude.
Le projet fait l’objet d’une loi promulguée le 6 juin 1879 et les travaux débutent en 1882. La guerre de l914-1918 porte un coup fatal au projet qui perd une part de son intérêt avec le retour à la France de I’Alsace et… de son canal.
ll reste aujourd’hui un ouvrage déchu de sa splendeur d’origine mais qui garde une utilité un peu marginale. Il permet la navigation de plaisance jusqu’au port de Botans et les coureurs à pieds et les cyclistes animent ses berges. En outre, il permet, à partir du Bassin de Champagney d’alimenter le canal du Rhône au Rhin.
Le canal, long de 23 kilomètres, comprend 11 écluses, 12 maisons éclusières, deux tunnels (1330 m et 640 m) neuf ponts-canaux et un pont aqueduc. L’ouvrage comprend également le Bassin de Champagney qui permet l’alimentation du canal du Rhône au Rhin et la rigole de Belfort,  » petit canal  » qui, de Bavilliers à Montreux-Château permet de transférer de I’eau du canal de Montbéliard à la Haute-Saône à celui du Rhône au Rhin.
L’embranchement avec le canal du Rhône au Rhin est situé à Fesches-le-Châtel, il franchit l’Allan par un pont-canal, remonte la vallée de la Savoureuse, passe entre Trévénans et Châtenois-les-Forges, s’engage dans la vallée de la Douce à Botans, puis se dirige vers la Haute-Saône par Bavilliers et Essert. C’est en Haute-Saône que les entrepreneurs rencontrèrent de grandes difficultés pour le percement des souterrains dans la roche dure.
Voici, année par année, les décisions et les travaux pour la création de ce canal, avec toutes les difficultés tant financières que matérielles.

1881

Le projet de tracé et de terrassement de la partie du canal comprise entre celui du Rhône au Rhin et chemin de fer de Belfort à Besançon est approuvé par le ministre des Travaux Publics le 15 février 1881. Un autre projet de tracé et de terrassement comprenant la partie située entre la deuxième chute du versant est et la deuxième chute du versant ouest du bief de partage (de Bavilliers à Frahier) a également reçu l’approbation du ministre le 14 mars 1881. Par suite de ces approbations, le tracé ainsi que les dispositions principales de la voie navigable se trouvent  définitivement fixées.
La première partie a une longueur de 12,676 km, dont 4,708 km sur le département du Doubs et 7,968 km sur le Territoire de Belfort.
Deux solutions ont été étudiées, l’une avec traversée à niveau de la Savoureuse et de l’Allan et l’autre avec traversées de ces rivières au moyen de ponts-canaux. C’est cette dernière solution qui a été adoptée par l’Administration. Les dépenses pour cette Partie sont évaluées à 3 320 000 Francs.

La deuxième partie du projet approuvé comprend une longueur de canal de 10,800 km dans laquelle le bief de partage entre pour une longueur de 10,200 km. Dans ce bief se trouvent deux tunnels, l’un d’une longueur de 640 mètres, l’autre d’une longueur de 1,340 km.
Les travaux seront très importants dans cette partie, en raison des deux tunnels. des fortes tranchées qui les précédent et les suivent, ainsi que des remblais fort élevés à établir pour la traversée du vallon situé entre ces deux ouvrages. La dépense d’établissement est évaluée à la somme de 8 200 000 francs.
Le tracé de ces deux Parties étant définitivement arrêté, on prépare dès cette année 1881 les dossiers des enquêtes publiques dont l’étude a demandé des opérations très longues et notamment de nombreuses fouilles et sondages Pour reconnaître la nature du terrain sur le parcours du canal.
Les projets des types d’ouvrages d’art, écluses, ponts, maisons éclusières, etc… sont également soumis à approbation.
Les formalités d’enquête pour l’expropriation des terrains nécessaires sont lancées d’abord dans le Doubs puis dans le Territoire de Belfort. Ensuite, sont produits les plans et états  parcellaires du bief de partage situé en la Haute-Saône (qui ne verra jamais le jour).

1882

Les travaux du bief de partage, du mur du réservoir du Ban de Champagney et de la rigole d’alimentation du canal sont adjugés le 1er juillet et évalués à la somme de 1400000 francs, ces travaux devant être terminés dans un délai de quatre années.
Les dispositions ont été prises pour que tous les travaux prévus entre Ronchamp et le canal du Rhône au Rhin puissent être achevés en même temps que ceux du bief de partage (Chalonvillars) et du mur du réservoir en cours d’exécution.

1883

Les travaux du bief de partage, du mur du réservoir et de la rigole d’alimentation se poursuivent activement.
Au 31 mai, l’entrepreneur avait exécuté :

  • 92 800 mètres cubes de déblais de toute nature à ciel ouvert
  • 82 240 mètres cubes de déblais en galerie au souterrain de la Forêt entre Frahier et Essert (la galerie d’avancement est terminée et 6 320 mètres cubes de matériaux de construction sont à pied d’oeuvre grâce à 22 km de voies d’accès).

1884

Le 17 mars l’entrepreneur a sur ses chantiers :

  • 10 locomotives

(La suite dans : Le canal de Montbéliard à la Haute-Saône, par Bernard Groboillot, page 30)

Le dur métier des gabelous : une patrouille au Ballon d’Alsace

Suite à la désastreuse guerre de 1870-1871, le traité de Francfort, signé le 10 mai 1871 enlève à la France I’Alsace et une partie de la Lorraine au profit du tout nouvel empire allemand. Une nouvelle frontière est tracée. Les 4056 bornes vont désormais conditionner la vie des habitants de chacun des côtés. Qui dit frontière, dit activité contrebandière. On passe de l’alcool français en Alsace ; on va chercher des allumettes et du tabac en Alsace… Dur métier que celui de douanier ! D’autant plus dur que Ia région est montagneuse et que Ie climat est rude en hiver.
Le massif du Ballon d’Alsace devient le théâtre d’un intense trafic et la présence douanière n’est gue plus vigilante.
Voici « in extenso », un article écrit à la gloire des gabelous du Ballon par un chroniqueur du journal Le Ralliement.

Il est dix heures. Peu à peu s’achèvent les soirées, pendant que là-bas, tout au fond des vallées noyées dans le brouillard, sonne la retraite. L’important massif du Ballon d’Alsace, ce granit des Vosges méridionales, semble sortir des ténèbres.
Pas un nuage au firmament, où scintillent des myriades d’étoiles que la lune naissant va éclipser quelque peu de ses pâles rayons, sous lesquels brillent les aiguilles de glace suspendues aux branches des sapins, et les paillettes de neige durcie. Un froid polaire a comme figé la nature dans une immobilité sépulcrale. Outre Ia neige, une épaisse couche de glace recouvre les lacs endormis et les ruisseaux.Aucun bruit de voix, aucun cri ne trouble ce silence de mort. Seul, le bruit des cataractes de la montagne, rompt cette effrayante monotonie. La vie semble donc bannie de ces hauteurs ? Pas tout à fait, cependant.
Sans bruit, dans le silence glacé, lentement deux ombres s’avancent. Se tenant constamment sur la lisière des sapinières, elles recherchent l’obscurité, comme si elles craignaient la pleine lumière. De temps en temps, elles s’arrêtent, écoutent, se baissent, examinent la nappe blanche, comme pour y distinguer quelque empreinte, échangent leurs impressions d’une voix à peine perceptible et repartent du même pas. Leur allure semble trahir la crainte ou la recherche de quelque rencontre. Derrière, suivent deux autres ombres plus petites, paraissant obéir aux premières.
À cette heure, par ce temps, quel être oserait s’aventurer dans ces solitudes glacées. Serait-ce la dame blanche du Rosemont, d’Auxelles ou d’ailleurs, errant avec ses suivantes sur les ballons, à la rencontre de quelque mortel, quelque quatuor de fantômes diaboliques, de gnomes malfaisants des contes de nos grands mamans, de fées se rendant au Sabbat ? Non, ces ombres sont bien vivantes, ce sont deux douaniers accomplissant un service de patrouille, et leurs chiens les accompagnent.
Chaudement vêtus, couverts de lourds manteaux, coiffés de casquettes fourrées, armés du revolver renfermé dans l’étui appendu au côté, et de la matraque ferrée, ils surveillent les débouchés conduisant de la frontière aux vallées de la Moselle, de I’Ognon, du Rahin, de la Savoureuse. Cinq heures durant, ils seront ainsi exposés à cette basse température, 20° au-dessous de 0, particulière aux sommets vosgiens. Cela n’est-il pas bien dur ? et la munificence de I’Etat est-elle assez généreuse envers eux ? Assurément non ! Et ils ne le savent que trop bien, ces modestes soldats du fisc. Mais qu’importe, on leur a confié cette tâche, et ils la rempliront, car la France n’a pas de plus dévoués serviteurs, de plus fidèles soldats. Tout en scrutant I’horizon, quelles pensées viennent en ces heures bien longues, hanter leurs cerveaux.
L’un, père de famille, songe aux siens laissés, en bas, à Lepuix-Gy, la résidence, seuls pendant les 3 jours qu’il doit passer en haut. Il calcule qu’avec ce qu’il a emporté au Ballon, il aurait pu vivre toute une semaine, lui, sa femme et ses deux chérubins, et, trois fois par mois, pour le moins, cela se répète. Son bilan dressé, lui laissera-t-il à la fin du mois, de quoi
solder certain effet de commerce. Pourtant cette dépense est justifiée, elle était obligatoire même. Pourrait-il rester sans vin, pour « pouvoir » accomplir une tâche aussi rude ?
Non. Si seulement une bande de fraudeurs venait à sa portée en ce moment, comme il s’élancerait dessus ; sûrement, il aurait son homme. Il a déjà une affaire pas trop vilaine à son actif, cela lui en ferait deux ; l’an prochain, il aurait les fonds communs, 40 fr. de trouvé ; cela l’aiderait un peu, en attendant qu’un poste moins coûteux pour lui, lui soit octroyé, ce qui ne saurait tarder plus d’un an.
L’autre est plus jeune. Lui aussi, par la pensée, il aligne des chiffres, se livre à des additions, des multiplications et des soustractions. Le tout se soldera, ce mois-ci, par un bien faible excédent, et pourtant, il est seul, sans famille, n’a aucune charge. Il ne mène pourtant pas trop ioyeuse vie. Et cependant, depuis trois ans qu’il est dans I’Administration, combien sont faibles ses économies et il voudrait bien aller voir sa famille qui reste tout là-bas, bien loin dans le Sud, au pied de ces belles Alpes de Savoie, dont demain matin, si le ciel reste pur, il entreverra les cimes blanches. Les revoir l Quel plaisir l Et puis, il y a certaine petite voisine qui, bien bas, le jour de son départ, lui dit: « Reviendras-tu vers ta Lucie ?.. « . Ils s’écrivent bien, mais, que sont les plus charmantes missives à côté des tête-à-tête enchanteurs. ll faut aller au pays au plus tôt et obtenir sa main. Justement, il a droit à un congé de 30 jours. Le mariage est, entre les parents, chose presque déjà faite. Au moins, il ne sera plus seul ; il aura quelqu’un pour lui sourire quand il rentrera d’une course fatigante. Enfin, il lui sera plus  facile de retourner dans la direction de Chambéry, auprès de leurs parents.
Mais nos douaniers sont bien vite, par le froid, arrachés à leurs rêves et rappelés à la réalité des choses. Et les heures, sous la voûte glacée, s’écoulent lentement, bien lentement.  Enfin, patience, leur service, troublé par aucun incident, tire à sa fin.
Nos gabelous, heureux de pouvoir rentrer et comptant se rattraper des dures heures qu’ils viennent de passer en compagnie de Tom et d’Azor, se hâtent de regagner le poste. »

Signé : Le Veilleur
Journal Le Ralliement du 29 août 1900

Objets d’un culte clandestin par Jean Demenus

La Constitution civile du Clergé, votée par I’Assemblée nationale Constituante le 12 juillet 1790 et sanctionnée, après bien des hésitations, par le Roi le 26 décembre, fut cause de graves troubles religieux. En effet, elle mettait l’Eglise de France sous la tutelle de I’Etat, pratiquement sans référence à I’autorité romaine. Environ 55 % du bas-clergé accepta mais seulement quatre évêques sur cent vingt…

De village en village

Ceux qui refusèrent le serment exigé devinrent des prêtres réfractaires proscrits et recherchés par la gendarmerie nationale. La plupart vécurent dans la clandestinité avec le soutien des chrétiens restés fidèles à la pratique traditionnelle de leur foi. Ils allaient nuitamment de village en village, guidés par des personnes sûres, célébraient la messe et administraient les sacrements dans des maisons particulières.
Au-delà de l’année 1794 – qui vit l’époque de la Terreur – il y eu une reprise sévère de la persécution sous le Directoire, dans les années 1797-1798. Des milliers de prêtres furent déportés en Guyane ou entassés sur les pontons de Rochefort. C’est dans cette période que, dans notre secteur, la vie religieuse clandestine fut la mieux organisée.

Retour aux archives paroissiales

Une personne âgée de Lepuix-Gy possédait, par héritage, des objets ayant servis à ce culte célébré autrefois dans sa maison. N’ayant pas d’héritier direct, et dans le but de les sauver
de la dispersion, elle en a fait don au presbytère de Giromagny pour être déposés dans la salle des archives, afin qu’ils demeurent biens d’Eglise. Une chambre à l’étage a, en effet, été affectée à la conservation des archives concernant les paroisses de Giromagny, Auxelles-Bas, Auxelles-Haut et Chaux. Il s’agit essentiellement des registres de catholicité possédés par ces paroisses, certains datant du début du XlXème siècle, époque du Consulat et du premier Empire. Les registres ont été recouverts, étiquetés et sont en bon état de conservation. La paroisse possède aussi des livres anciens, datant de l’époque où les pères franciscains l’administraient, les uns en Latin, d’autres en Français ; ainsi que des recueils de mandements épiscopaux, quand nous dépendions le l’évêché de Strasbourg.

Un « autel portable »…

Le don consiste en une petite armoire en sapin – le tabernacle – de 48 cm de haut sur 35 de large et 20 de profondeur. Un ostensoir est peint sur la porte. A l’intérieur : un calice en étain de 10 cm de haut ; une patène de I 5 cm de diamètre : deux flacons en étain de 7 cm, dans un étui de cuir, destinés à recevoir les Saintes Huiles ; une pierre d’autel de 20 cm sur 18, portant une petite croix gravée en son milieu et, à chaque angle, deux reliques l’une de Ste Agathe et l’autre de Ste Agnès, très petits morceaux insérés dans une toile et dans un petit coeur de tissu brodé. Rien de bien spectaculaire en somme, mais la valeur n’est pas à chercher dans les matières utilisées ; elle demeure dans l’histoire de ces objets de culte…

Du côté du vieux-château de Rougemont

La consolidation continue…

Après une pause de deux années, l’équipe de bénévoles du Vieux-Château a repris les travaux de rénovation avec un programme particulièrement difficile : la restauration de la tour.
Il fallut d’abord se doter de moyens techniques pour remonter les pierres qui se trouvaient dans les déblais du ravin, trente mètres en contrebas. Pour cela, un chariot spécial, tracté par un treuil, fut construit et une piste de roulement installée. La réalisation, la mise en place de cet équipement et la  » remontée  » de 12 tonnes de pierres représentent 34 journées/participants. L’entreprise Michel Girot, toujours fidèle, fit plusieurs voyages difficiles avec son Unimog pour acheminer 10m3 de sable jusqu’au bord du fossé qui barre I’extrémité de la colline. L’eau et le ciment étaient livrés à cet endroit avec le 4×4 de l’association. Il fallut encore installer un mini téléphérique pour faire passer le mortier au dessus du grand fossé jusque derrière la tour.
Du 30 juillet au 12 août, une équipe de six personnes travailla au remontage du parement et au comblement du grand trou qui traversait le mur » est « . Malgré les 15m3 de maçonnerie
réalisés, il faudra encore au moins deux campagnes pour reconstituer l’intégralité de la tour sur toute la hauteur qui subsiste, le principal problème restant l’acheminement des pierres du ravin jusqu’au pied de la tour.
Merci à la Région Franche-Comté qui a, une fois de plus, alloué une subvention de 40000 F pour mener à bien ces travaux.
De plus, Mesdames Van Avermaet et Mille, responsables à la Région des chantiers de remise en valeur des vestiges militaires médiévaux et de la signalétique, se sont rendues sur le site pour étudier la mise en place (en 2001 ) de panneaux explicatifs au Vieux-Château et à la chapelle de Sainte-Catherine. Le financement de cette opération sera assuré conjointement à hauteur de 75% par la région et 25% pour la commune.

Un nouveau chemin d’accès par Pierre Walter

Le Foyer rural a aussi organisé un chantier de bénévoles du 3 au 20 juillet.
Une douzaine de jeunes de 15 à 18 ans, venus de Besançon, Belfort, Versailles, Paris, St-Germain-le-Châtelet, Felon et Rougemont ont réalisé, sous la direction de Pierre Walter, un chemin de liaison entre la chapelle de Sainte-Catherine et les ruines du Vieux-Château ainsi que les abords de la chapelle et de la source.
Jusqu’à cet été l’accès au Vieux-Château, côté Rougemont, se faisait par un chemin caillouteux et très abrupt d’une longueur de 500m pour un dénivelé de 102m ! ll ne pouvait être pratiqué par les personnes âgées ou peu valides qui voulaient visiter ou assister aux animations et spectacles organisés sur le site.
Aujourd’hui, grâce au nouveau chemin de 1m à 1m20 de largeur réalisé en juillet, chacun peut parvenir facilement aux ruines.Après une légère montée d’une cinquantaine de mètres, le chemin bien plat serpente à mi-coteau sur une longueur de 400 mètres et vous amène au fossé situé derrière la tour du château.
Merci à l’Office National des Forêts et à la commune de Leval, propriétaire de la parcelle de bois traversée par le chemin.
Merci à la Direction Départementale de jeunesse et Sports pour la subvention de 20000F accordée au fonctionnement du chantier et à la commune de Rougemont pour son soutien financier de 8000F.

Le calvaire mutilé par Jean Demenus

La tempête du 26 décembre 1999, outre les forêts, a durement frappé les habitations et les monuments. On ne compte pas les toitures envolées et les clochers effondrés. A Giromagny,
c’est le calvaire situé à l’intersection du faubourg de Belfort et du sentier du Rioz qui s’est trouvé amputé du poteau transversal et des bras qu’il supportait. C’est donc un Christ réduit seulement au corps et à la tête que les passants découvrent avec étonnement et consternation.

Des Prés Heyd…

Ce calvaire était autrefois situé à l’entrée de la rue des Prés Heyd. Une ancienne carte postale le montre avec certitude, car on reconnaît fort bien Marie-Madeleine à genoux au pied de la croix et l’enserrant dans ses bras. La rue des Prés Heyd s’appelait alors rue des Champs de la Croix et était un chemin communal de défruitement. La photo montre encore la maison à I’emplacement actuel des pompes à essence d’lntermarché. C’était un petit café-restaurant, appartenant à la famille Hême et qui fut détruit par un incendie vers 1930.
La base du monument de granit porte une date : 1844 et le nom du constructeur : Sporrer, sculpteur à Thann. D’après les notes d’une famille ancienne, l’édification serait postérieure de deux ans. Le transfert à l’emplacement actuel aurait eu lieu vers 1922-1924. Mais des habitants fort âgés – dont la doyenne qui va entrer dans sa 100ème année – n’ont pu confirmer cette date. Les registres des délibérations du conseil municipal de l’entre-deux guerres ne portent pas trace de ce déplacement qui a dû cependant intéresser les édiles, car il s’agissait d’améliorer la voirie communale.

…au Paradis des Loups

D’autres personnes témoignent que l’emplacement actuel fut donné par le propriétaire d’alors, M. Portia industriel du textile. La petite enclave, environ 4m x 4m, figure au cadastre, mais n’appartient pas à la propriété qui l’entoure des deux côtés. Un chemin très ancien – le sentier du Rioz – longe cette propriété qui fût l’hôtel du Paradis des Loups, après guerre, suite à l’incendie  du premier hôtel de ce nom à la fin de ce conflit. La communauté paroissiale n’en est pas non plus propriétaire. ll semblerait donc que cette enclave appartienne au domaine
communal.
Le corps du Christ et de Marie-Madeleine est constitué d’un grès rose très fin, que les outrages du temps ont dégradé aisément. Une armature de fer enserrait d’ailleurs les bras du Christ. Des trous avaient été bouchés et les couches de peinture successives masquaient le tout. On comprend mieux que la violence de la tempête ait eu raison du monument. Les bras, en plusieurs morceaux, ont été recueillis soigneusement par une équipe sous l’égide de l’AHPSV – Association Pour l’Histoire et le Patrimoine Sous-Vosgiens – dans le cadre de sa vocation de sauvegarde du patrimoine. Mais faut-il songer à les ressouder et à refaire le calvaire tel qu’il était antérieurement ?

Restauration délicate

Une étude avait envisagé de remplacer le monument par une croix en fer moulé, réalisée par les fonderies de Commercy. Ces usines ont disparu depuis quelques années. Une autre solution aurait été une croix en bois – du sapin traité – qui assure une bonne conservation. Au prieuré St Benoît de Chauveroche, un calvaire en sapin ainsi traité est en place depuis bientôt une vingtaine d’années, sans atteinte apparente. Sur les conseils d’un amateur très éclairé de la pierre et du grès, il semble que des possibilités de reconstitution à l’identique peuvent être réalisées.
Ces travaux prévus au cours de l’été ont été retardés, mais il est possible qu’ils soient réalisés dans les mois à venir. Ainsi espérons-nous pouvoir publier bientôt, une photo du calvaire rénové…

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