Table des matières
La Compagnie des Chemins de Fer d’Intérêt Local (C.F.B.) |
Bernard Groboillot |
4 |
Un usage méconnu du genêt à balais |
Claude Canard |
10 |
Les seigneurs d’Auxelles aux XVIè – XVlllè siècles |
Jules-Paul Sarazin |
15 |
Le fort du Monceau |
Charles Corbat |
17 |
La vallée de Saint-Nicolas |
Etienne Keller |
21 |
Le Père Etienne Keller |
Jean-Pierre Keller |
24 |
Les maladies en Pays sous-vosgien au XIXè siècle |
Francis Peroz |
25 |
L’évolution des taux de natalité et de mortalité à Leval aux XIXè et XXè siècles |
Jean de Zutter |
30 |
Il y a 100ans |
François Sellier |
34 |
Rodolphe Sommer (roman) 13 – Les épousailles de Georgette |
Pierre Haas |
37 |
MAGAZINE |
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La Vôge a lu |
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42 |
Avis aux généalogistes |
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42 |
Les clochers comme moyen de communication |
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43 |
Erratum |
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44 |
La compagnie des chemins de fer d’intérêt local du Territoire de Belfort
Dans nos campagnes, au début de ce siècle, pour se rendre à Belfort, il fallait prendre Ia voiture postale ou bien, et c’était le plus fréquent, s’y rendre à pied. Aussi quel événement, quand il fut question de mettre en service un tramway qui desservirait plusieurs fois par jour la plupart des localités du Territoire.
Il est en projet depuis 1892, mais après bien des modifications imposées par les autorités militaires, c’est en 1906 que le tracé est définitivement adopté. En effet, en cas de conflit avec I’Allemagne toute proche, les lignes ne doivent pas donner à l’ennemi des facilités de transport pour l’investissement de la ville.
Le financement
La construction du chemin de fer d’intérêt local occasionne une dépense de 5400000 F. Cette somme est couverte par un emprunt, une subvention du département du Doubs (5700 F), des subventions des communes (216000 F) et une participation des concessionnaires. Aux termes d’une convention passée avec MM. Baert et Werney, ceux-ci doivent avancer une somme de 9000 F par kilomètre, soit 615 000 F, que le département s’engage à rembourser en soixante cinq ans au taux de 4%.
La somme à emprunter est donc de 4500000 F à contracter auprès de la Caisse des Retraites au taux de 3.75 %, pendant soixante cinq ans. Mais grâce à une participation de l’Etat, le département ne supporte que 929l9 F par an.
Les communes sont donc appelées à participer financièrement à la construction du chemin de fer. Soixante cinq communes sont consultées, quarante cinq répondent favorablement. Vingt cinq communes cèdent gratuitement les terrains qui doivent être occupés par les lignes et par les gares. L’industriel Zeller, d’Etueffont, verse une somme de 8000 F. Pour Rougemont, la subvention de 50 000 F promise par la commune est ramenée à 42000 F du fait de l’impossibilité de comprendre dans le réseau une ligne Rougemont-Saint-Nicolas demandée par Emile Keller.
Le réseau
À voies métriques il comprend :
- au sud, une ligne de Belfort à Sochaux avec, au faubourg de Montbéliard à Belfort, une liaison pour le transbordement des marchandises avec la gare P.L.M. – Est (S.N.C.F. actuelle) et deux embranchements particuliers pour les usines Vermot de Châtenois et la brasserie de Sochaux.
- au sud-est, une ligne de Belfort à Réchésy, longue de près de 30 km, dessert seize localités.
- au nord, une ligne de Belfort aux Errues. Partant de la gare principale, elle passe au Martinet, puis à Offemont, Vétrigne, puis dessert les localités de la Baroche (Roppe, Phaffans, Eguenigue, Menoncourt, Bethonvilliers) avant d’arriver aux Errues.
Au départ de cette dernière station, il y a, dès l’origine, des problèmes. En 1906, il existe deux projets de construction de ligne. Le premier, des Errues à Rougemont par Lachapelle, pour desservir Lachapelle, Petitefontaine, Leval et Rougemont, soit 3 306 habitants; le second par Saint-Germain, Romagny, Rougemont, Leval, Petitefontaine et Lachapelle, pour desservir 3 867 habitants.
L’avantage est donc au deuxième projet qui est estimé à 640000 F. Enfin un embranchement pour Anjoutey et Etueffont est prévu. L’autorité militaire s’oppose à la construction du tronçon Lachapelle – Rougemont, mais autorise les lignes Les Errues-Rougemont et Les Errues- Lachapelle.
En 1913, à partir des Errues, la ligne se divise en trois embranchements : un pour Anjoutey – Etueffont- Haut, avec une halte à Etueffont-Bas, un pour Lachapelle-sous-Rougemont (la ligne longe la route nationale 83 et comporte des arrêts facultatifs à Lagrange et Angeot), un autre enfin pour Rougemont-le-Château. En partant des Errues, cette ligne longe à droite la route nationale Puis la traverse après le Pont de la Madeleine, ensuite, elle passe à Saint-Germain à gauche de la route, la gare se situant presque en face de l’école. A la sortie nord, elle revient à droite pour suivre un tracé plus rectiligne et presque plat, ce qui nécessite de gros travaux de nivellement jusqu’à Romagny. Après un arrêt facultatif dans ce village, elle arrive à Rougemont, gare terminus située à gauche après le passage sur le pont de la Saint-Nicolas.
Les gares
La gare centrale est située à Belfort, entre la Tour 41 et la Chambre de Commerce. C’est un joli bâtiment de grès rose, construit en 1912 avec, au fronton, gravé dans le grès, l’inscription : « Chemin de fer d’intérêt local », ornée des blasons de la ville de Belfort et des chefs lieux des cantons du Territoire. C’est là que sont centralisés les arrivées et les départs des voyageurs. Pour tout ce trafic, on a construit des bureaux avec guichets pour l’achat des billets et l’enregistrement des bagages et une grande salle d’attente avec des bancs de bois d’où on peut guetter le trafic pour ne pas manquer son train.
Une grande halle pour entreposer les marchandises et plusieurs voies de manoeuvre complètent l’ensemble.
Presque tous les villages traversés possèdent une gare. C’est un bâtiment comprenant le bureau du chef de gare – c’est lui qui est au guichet et qui délivre les billets – une salle d’attente
et à côté un local avec quai et auvent pour entreposer les petites marchandises. Elle comprend également une voie de stationnement avec aiguillage pour les wagons en attente de chargement ou de déchargement. Chaque terminus, sauf Lachapelle, comporte en plus de la gare, une halle pour abriter les motrices et aussi des voies de manoeuvre.
Le matériel
À l’origine, il était prévu d’employer des locomotives à vapeur, mais Ia Société Alsacienne de Constructions Mécaniques (S..A.C.M.) ayant fait pression pour imposer son matériel, six motrices électriques sont achetées aux Ateliers de France Nord avec moteurs S.A.C.M.. Ce sont les Houillères de Ronchamp qui fournissent l’énergie électrique (courant triphasé de 30000 volts transformé à la sous-station des Forges en courant monophasé de 6600 volts). Les automotrices sont alimentées par caténaires suspendues au dessus des voies. En 1907, le C.F.B. passe un contrat avec les Houillères pour la fourniture de 800 kWh à 8 centimes I’unité pour une durée de vingt ans.
Les automotrices
D’un prix de 54000 francs l’unité, elles sont en bois tôlé vert foncé et comportent une cabine de conduite à chaque extrémité, une plate-forme d’accès au centre, un compartiment
voyageurs de dix huit places assises en seconde classe et un autre de douze places de première D’un poids de 28 tonnes, chaque motrice peut tracter un convoi de 70 tonnes à 32km/h en palier grâce aux quatre moteurs électriques S.A.C.M. de 35 chevaux chacun. Mais en rampe, cette vitesse est réduite à 20 km/h et même moins, notamment dans la montée de Romagny où on peut suivre le tram à…
(La suite dans : La compagnie des chemins de fer d’intérêt local du Territoire de Belfort, par Bernard Groboillot, page 4)
Un usage méconnu du genêt à balais
Le milieu du dix-huitième siècle voit l’apparition dans nos contrées du coton comme matière filable. Depuis la Méditerranée les balles en provenance des Indes orientales, remontent la vallée du Rhône. Peu à peu ses avantages considérables vont lui permettre de supplanter les plantes indigènes filées et tissées traditionnellement dans nos régions. Comparé aux autres végétaux textiles, le coton a pour lui sa solidité, sa facilité de mise en oeuvre et son haut rendement. Un kilo de coton filé de qualité longues soies peut fournir trois cents kilo-
mètres de fibre !
Le coton connu et employé depuis l’antiquité sur tous les continents était au premier siècle de notre ère réservé à l’usage des plus hautes classes sociales. A ce titre il n’est alors connu en Europe que sous la forme commerciale de produits tissés de luxe. Au dixième siècle, Séville, Cordoue et Grenade sont les premières villes d’Europe à l’employer comme matière première.
Au quatorzième siècle les toiles à voiles et les futaines de Barcelone jouissent d’une grande réputation. La nécessité de produire des étoffes à partir des fibres animales et végétales locales a stimulé un essor technique dont notre région n’est pas restée absente. Protégées par des franchises accordées par les souverains impériaux lors de l’épisode espagnol de Ia Franche-Comté, les professions du textile, felandriers et drapiers sont organisées en solides jurandes, maîtrises et corporations dès le quinzième siècle à Héricourt.
Ce savoir faire, lié aux conditions géographiques qui vont des difficultés commerciales sous l’ancien régime à la pureté de l’eau des rivières, permet un essaimage en direction du pays sous-vosgien, noyau d’une future industrialisation.
Bruges et Gand ont une industrie cotonnière déjà bien développée lorsqu’en 1569 la première balle de coton arrive en Angleterre. La possession de cette matière précieuse à I’industrie va engendrer d’âpres luttes. L’ignoble commerce triangulaire entre Afrique, Nouveau Monde et Europe, avec à sa base le trafic humain du « bois d’ébène » est né en partie du développement de l’expansion des plantations coloniales de coton et de tabac aux Amériques.
L’Angleterre, maîtresse des mers, avait le contrôle de ce commerce et I’a gardé jalousement jusqu’à la première guerre mondiale.
À l’époque du blocus continental napoléonien, il y eut bien des tentatives d’inverser la tendance et de donner un regain d’intérêt pour les fibres naturelles indigènes, en particulier le lin et le chanvre. Mais aussitôt la période de conflit terminée, le coton reprenait vite le dessus.
Les autres produits trop coûteux à produire et préparer ne pouvaient rivaliser.A part le lin dont le plus fin peut rendre 60 kilomètres de fibres au kilo, les autres fibres végétales sont plus propres à la brosserie, corderie ou au tressage de sparterie.
Seul le pays de Montbéliard parût avoir réussi à tirer du chanvre des tissus dont la qualité et la beauté nous étonnent encore de nos jours. L’art des tisserands capables de produire des verquelures aux armures compliquées sur leurs modestes métiers à bras reste une énigme technique. Ce savoir-faire s’est perdu.
Chaque époque de guerre entraîne une pénurie due aux difficultés d’importer les balles de coton. On recherche alors des succédanés en solution de remplacement Pendant la première guerre mondiale, entre 1914 et 1918, on essaie de transformer l’ortie en matériau filable. Il est vrai que l’on connût déjà la ramie, variété coloniale d’ortie utilisée en textile. Ce retour d’intérêt pour cette plante importune puise sa source, semble-t-il, dans les traditions paysannes, au temps où le monde rural se devait de tout produire, jusqu’aux vêtements.
En Allemagne, encore plus privée du coton américain qui est accaparé au titre de contrebande de guerre par la Grande-Bretagne et la France, on essaie même de tisser du papier. La seconde guerre mondiale apporte avec elle la même disette. Un étonnant ersatz de matière végétale filable va être fabriqué et employé à l’usine d’Anjoutey par I’entreprise des frères Zeller d’Etueffont : la filasse de genêt à balais.
Grâce au concours amical d’un ami de « la Vôge » amateur éclairé d’histoire, de patrimoine et de vieux papiers, voici quelques informations sur cette activité, tirées de documents lui appartenant, trouvés à Anjoutey. L’usine Kahn-Lang. & Cie, dont une grande partie des locaux à subi en 1931 un incendie, a été remise en activité pendant la guerre sous le nom de Société Textile d’Anjoutey.
Cette petite liasse d’archives comprend un cahier d’écolier, quelques lettres et des feuillets d’une écriture très peu lisible concernant des comptes-rendus d’essais de laboratoire et de mise en fabrication. Une autre partie concerne une comptabilité de fournitures d’une époque plus ancienne et un descriptif technique d’un projet élaboré en 1949, qui semble avoir été abandonné.
Le cahier
Sur la page de garde, en belle calligraphie ronde est inscrit : « Enregistrement des centres de ramassage du genêt à balais. » Les pages ont été numérotées pour tenir la comptabilité de la collecte organisée dans les trois départements des Vosges, de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort. Sur une page apparaît le nom et l’adresse des personnes chargées de pratiquer ou d’organiser la coupe et le stockage temporaire des végétaux. Les conditions d’achat y sont mentionnées. Les dates des premières visites établissant l’accord des prestataires avec l’entreprise sont indiquées ainsi que les courriers ultérieurs avec leur résumé.
Nous disposons de renseignements complets sur les localités choisies pour y effectuer le ramassage, le niveau des prix accordés et des détails sur l’organisation du travail, la personnalité des ramasseurs, les négociations de conditions particulières. En regard de cette page, dans les cas où le contrat a été suivi d’effets, des colonnes enregistrent les dates, quantités livrées, sommes payées et observations.
Les localités de cueillette
Après avoir épuisé rapidement les ressources locales par une cueillette intensive en 1943, la préoccupation du gérant d’Anjoutey est de trouver dans la région, sur lieux où
pousse le genêt, des hommes de confiance qui s’occuperont d’organiser la coupe et d’en centraliser le produit à un endroit aisément accessible en camion. Le choix se porte sur les gardes-champêtres communaux, sur les gardes-forestiers privés ou des Eaux et Forêts, sur des propriétaires de petits domaines, parfois sur les maires ou les cafetiers.
On imagine que la prospection par le téléphone et les recommandations ont dû jouer un rôle dans la prise de contact. Les premières visites commencent le 14 janvier 1944 par la zone sous-vosgienne proche de I’usine d’Etueffont-Bas. Puis c’est une recherche de contrats au pied des montagnes en Haute-Saône, de proche en proche avant de s’assurer d’une récolte dans le département des Vosges. Il ne semble pas qu’un itinéraire cohérent ait été décidé à l’avance. Les consultations s’arrêtent à Ecromagny le 25 mai 1944.
L’auteur du cahier consigne les conditions négociées pour l’achat du genêt coupé et rassemblé. Une distinction est faite entre différentes couleurs des tiges. Une demande expresse est faite en février pour faire couper 100 kg de plantes « à tiges rouges » pour essai. Sur une autre page il est parlé de « genêt rose ». En fait, rouge ou rose, il s’agit de la même variété botanique qui, une fois essayée, paraît cependant donner moins satisfaction à l’acheteur.
En avril, le genêt rose se paye 75 centimes le kilo contre 90 centimes pour le vert. Les prix vont jusqu’à 1 franc le kilo et sont systématiquement diminués de 10 à 15 centimes si la cueillette s’est effectuée au moment de la floraison. Le contrat est passé de gré à gré et comprend généralement une…
(La suite dans : Un usage méconnu du genêt à balais, par Claude Canard, page 10)
Les seigneurs d’Auxelles-Haut
Dans les numéros 18 et 20 de La Vôge, Jules-Paul Sarazin nous a présenté I’histoire des premiers seigneurs d’Auxelles-Bas dont la famille, toutes branches confondues, s’éteint en 1425. Après une période mal connue, les familles Heyd puis Ferrette prennent possession de la seigneurie.
Quand en 1560, d’importants gisements furent découverts dans les mines de Giromagny, I’empereur Rodolphe II de Habsbourg, archiduc d’Autriche, décida d’en entreprendre l’exploitation intensive. C’est Grégoire Heyd et son fils aîné Christophe qui furent chargés de la réalisation de ce projet. Par la suite, Christophe devint le premier seigneur d’Auxelles-Haut.
La présence des Heyd dans le Sundgau est attestée dès 1454, mais il est possible que le berceau de la famille se situe en Carintie, dans la région de Bleiberg (littéralement : montagne de plomb), où, du temps des Romains déjà, étaient exploitées des mines de plomb argentifère et de zinc. Les Heyd possédaient un château de famille dans la région. En 1411, un certain Wolfgang Heyd fait partie des Etats généraux de Carintie. Les Heyd appartenaient à la religion réformée.
Entre 1550 et 1561, Grégoire Heyd était juge des mines à Totnau (Forêt noire) et à Masevaux. En 1562 il fut nommé juge des mines du Sundgau avec résidence à Giromagny où il fit aussitôt construire une maison de justice (1563- 1565). En 1566, la juridiction des mines fut transférée de Masevaux à Giromagny.
C’est alors la prospérité pour Grégoire Heyd et sa famille : construction de maisons, achats de terrains, en particuliers quarante arpents (environ 15 ha) de terres agricoles de première qualité appelées encore de nos jours « Prés Heyd ». C’est la prospérité aussi pour Giromagny, jusqu’alors petit bourg à vocation agricole qui devient soudain le chef lieu d’un important district minier, prélude à son futur développement industriel.
Quand il s’agit de mettre en oeuvre la décision de l’archiduc de pousser l’exploitation des nouveaux gisements, c’est tout naturellement à Grégoire, aidé de son fils aîné Christophe, que l’on fit appel. ll fallait recruter une main d’oeuvre nombreuse et qualifiée, qu’ils trouvèrent en Carinthie et dans les provinces voisines. Il fallait aussi prévoir leur installation à Giromagny.
À cet effet furent construites une centaine de baraques en planches aux abords de la ville pour loger les arrivants qui durent, les premiers du moins, être acheminés en convoi organisé. Mais ces immigrés dérangèrent les autochtones; ils parlaient une langue étrangère et certains d’entre eux n’étaient pas des enfants de choeur. Alors les gens de Giromagny s’attroupèrent contre eux et incendièrent leurs baraques (1564).
ll fallut donc leur trouver une nouvelle implantation, plus isolée. On pensa au versant de la montagne dominant Auxelles, qui appartenait à l’archiduc par l’intermédiaire du comté de Belfort. Ce nouveau peuplement fut appelé successivement Neudorf (nouveau village), Oberdorf (village du haut), Asselberg (montagne d’Auxelles), et enfin Oberassel, quand le 14 lanvier 1569 I’archiduc et le seigneur d’Auxelles décidèrent de séparer nettement les deux villages. Oberassel signifie donc Auxelles-Haut par opposition à Auxelles-Bas (Assel est la transcription allemande de Acelle de l’époque et n’a rien à voir avec le mot Hasel qui, en allemand veut dire noisetier).
L’église de Rougegoutte, puis, à son achèvement en 1569, celle de Giromagny, furent assignées comme lieu de culte à la population d’Auxelles-Haut et cela jusqu’en 1845 quand le village fut pourvu d’une église. On ne sait si des dispositions particulières furent prises pour les mineurs protestants.
Le village d’Auxelles-Haut se développa rapidement. En 1586, il comptait plus de 120 habitants dont…
(La suite dans : Les seigneurs d’Auxelles-Haut, par Jules-Paul Sarazin, page 15)
Le fort du Monceau
Belfort ancienne place forte entrée dons l’histoire, garde de son passé militaire un ensemble impressionnant d’ouvrages de fortification érigés pour la plupart au XIXè et au début du XXè siècle. La majeure portie de ce riche patrimoine est aujourd’hui laissée à l’abandon.
La commune de Valdoie possède sur son territoire » I’ouvrage intermédiaire d’infanterie du Monceau » situé sur une élévation naturelle dans la plaine du Monceau, à un kilomètre au nord du centre de la commune, à la limite d’une zone de protection des puits de pompage des eaux du District de l’Agglomération Belfortaine.
Cet ouvrage d’une superficie de 6,44 ha. (altitude au pied 383 m et 408 m au sommet) fut construit en 1889 pour la somme de 583 000 F de l’époque.
Intermédiaire avec l’ouvrage du Mont Rudolphe consacré à I’artillerie, sa mission consistait à surveiller et à défendre la voie d’accès nord-sud (Ballon d’Alsace – Belfort), la ligne de chemin de fer Paris – Belfort et la zone des étangs. Deux gros ouvrages d’artillerie le flanquent : à I’ouest le fort du Salbert et à I’est le fort de Roppe. C’est le seul ouvrage de la place à être protégé sur les trois quarts de son périmètre (à l’est, au nord et à I’ouest) par un glacis, une banquette de tir et un fossé empli d’eau de 4 à 5 mètres de profondeur, de 15 à 20 mètres de largeur et de 630 mètres de longueur. Le côté ouest s’est ensablé peu à peu par les crues de la rivière passant à proximité. Le côté sud (caserne-réduit) est protégé par un fossé sec de cinq mètres de large et de six mètres devant l’ouvrage, de six à huit mètres de profondeur avec des remparts maçonnés en pierres de taille de chaque côté, rejoignant en pente douce les fossés en eau (125 mètres de part et d’autre).
Un chemin de ronde est aménagé derrière le mur d’escarpe avec meurtrières et embrasures, (plus nombreuses autour du réduit) et avec des murs en chicane pour la protection des deux sorties sur le retranchement.
Un réseau de barbelé, intérieur et extérieur, à certains endroits plus vulnérables, des grilles défensives, côté rivière, protègent l’ensemble.
L’ouvrage d’une capacité de 210 hommes est un monobloc entièrement bétonné, à l’exception de quelques murs de séparation maçonnés en grès, comportant trois niveaux : un rez-de-chaussée, un premier et un second sous-sol.
Le rez de chaussée
Il est situé de plein pied avec son entrée en façade sud. Un pont levis permet le passage du fossé, son relevage permet I’obturation du porche d’entrée, lui-même muni d’une porte-grille suivie d’une porte métallique avec 1,60 m de rupture d’entrée au début du couloir grâce à un plancher mobile.
À l’arrière, après avoir franchi le couloir central et les couloirs latéraux, se situent les sorties est et ouest desservant le retranchement, protégées par des portes métalliques.
À l’extérieur, à l’avant du pont-levis existe une banquette de tir en demi-cercle, avec au centre une porte métallique à deux vantaux munie de meurtrières interdisent l’accès à l’ouvrage par le chemin d’entrée, battant ainsi les pentes sud elles mêmes protégées par un réseau de barbelés.
À l’intérieur se trouvent deux grandes salles de 60 m2 chacune à usage de la troupe (lits et niches individuelles), deux autres pièces de 15 m2 réservées aux officiers et sous-officiers, des couloirs de circulation, des escaliers allant au sous-sol, de nombreuses niches et emplacements de bancs, des gaines d’aération et les cheminées.
Toutes ces pièces comportent des embrasures et des créneaux.
L’ouvrage fut certainement équipé plus tard de l’électricité comme en atteste la présence de potelets en verre sous les plafonds.
Premier sous-sol
Deux larges escaliers desservent ce sous-sol. La configuration générale est identique au rez de chaussée avec en plus, la cuisine, les niches à munitions et à matériel, les latrines,
des caniveaux, le puits d’alimentation en eau (profondeur : 10 m), une double poterne de sortie de plein pied avec le fossé juste en dessous de l’entrée. Face à cette poterne, dans le
mur de contre-escarpe s’ouvrent deux magasins servant de réserve de combustible (pétrole etc.).
Ces salles du sous-sol comportent également des embrasures de tir protégeant les fossés de l’entrée.
Dans les deux pièces est et ouest battant les fossés existent encore des socles en béton avec des pièces métalliques scellées qui, paraît-il, sont caractéristiques du canon revolver
équipant les ouvrages de cette époque.
Deuxième sous-sol
Le deuxième sous-sol, qui n’apparait pas sur les plans illustrant cet article, est borgne. ll comporte deux immenses fosses bétonnées et couvertes avec escaliers d’accès, chaque fosse contient deux citernes séparées également en béton d’une capacité de 35 m3 chacune. Des couloirs de circulation ceinturent les citernes.
Dans chaque fosse part une…
(La suite dans : Le fort du Monceau, par Charles Corbat, page 17)
La vallée de Saint-Nicolas
Voici en vrac quelques renseignements sur les lieux-dits de Saint-Nicolas. Beaucoup de souvenirs disparaissent dans la forêt et on en est quitte pour imaginer des hypothèses… avec prudence…
Je crois qu’il serait intéressant de regrouper ces renseignements avec ceux qu’on pourrait retrouver dans les environs (Rougemont, Etueffont, Lamadeleine…) et il y aurait matière pour un article dans la Vôge… Amitiés » Etienne Heller, Rougemont, le 13 mai 1993.
Précieux collaborateur de la La Vôge dont il fut également un lecteur assidu, mémoire incontournable de St-Nicolas et de ses environs, Père Etienne Keller nous a quitté à la fin du mois de janvier 1999.
En souvenir d’amitié, nous publions cet article qu’il nous livra en 1993, dans son style sans ambage, tel qu’il parlait, tel qu’il était…
Les lieux-dits
La vallée de St Nicolas est dominée au N.O. par le Baerenkopf (1070m) qui sépare les vallées de la Doller et de Lamadeleine. Depuis le Moyen-Age, il est relié à la vallée de St Nicolas par un étroit corridor limité par deux murs bien visibles. Le haut de la vallée était occupé par des pâturages – les « Ballons » – parsemés de vieux hêtres, avec quelques coins boisés.
On retrouve les traces d’anciennes fermes, maintenant ruinées :
- La Marquerie (laiterie) que la carte, par erreur, appelle « Métairie », à la source principale du ruisseau de St Nicolas.
- La ferme du Petit Hans (sur la Grand Goutte) occupée jusqu’en 1866 par Hans Ringenbach, détruite par un incendie en 1870.
- Plus à I’est, l’ancienne ferme Hafelé d’où dévale la Goutte du Hafelé (baptisée le « Reflet » par le cartographe).
Sur la crête, après le Ballon se dresse un sommet de 1000m nommé Neuberg c’est à dire « Nouvelle Mine », affleurement d’un filon de minerai de fer que les forges de Masevaux ont prospecté vers 1800. Un peu plus bas se trouve le lieu-dit Trou de Mine, petite excavation avec quelques tas de minerai.
Au milieu du pâturage du Ballon, sur le chemin entre le Petit Hans et La Marquerie, il y avait un très gros hêtre d’où l’on avait une belle vue sur Ia vallée. Emile Keller, vers 1860, y aménagea un lieu de prière, dédié à Notre Dame des Anges. Une statue en bois de la Sainte Vierge fut placée entre deux maîtresses branches du hêtre et ce fut I’origine d’un pèlerinage bien fréquenté par les gens du pays. En 1907, un orage abattit une de ces branches et l’arbre se dégrada peu à peu. En 1935, il fallut l’abattre et le remplacer par une tourelle de pierre avec une statue de N.D. des Anges.
Des hauteurs boisées encadrent les pâturages :
- À I’ouest, vers Lamadeleine, le Roy Grippot (peut-être le « Roide Grimpant » (?) il y a sur le Fayé, la chapelle du Grippot…)
- Au milieu de la vallée : La Tête Sem
- À l’est, au delà du ruisseau de St Nicolas : La Sabotière (très vieux nom, peut-être « Sapinière » ?). Plus loin, la grande forêt du Bourdon, de la Rouge Montagne et du Sudel. Entre la Sabotière et le Bourdon, la Goutte du Hafelé longe la ferme des Tourses, actuellement lieu de rencontre pour la jeunesse et anciennement ferme de Tourse Délémont, un fermier
suisse (Tourse est une déformation du prénom Ours, Urs : Ursanne, Ursicin…) - Plus bas, à I’ouest, se trouvait I’ancienne ferme Chrétien, détruite par la foudre vers 1965 (4) et à I’est, au pied du Bourdon, I’ancienne ferme Ste Elisabeth (Walter, Jeannot…)
- La Goutte du Hafelé longe le pied du Bourdon et le pré des Combefins, maintenant repiqué en sapins, puis se jette dans le ruisseau de Ste Catherine qui, lui, descend de
la Rouge Montagne, passe près de la chapelle Ste Catherine et de la ferme ruinée vers 1960.
À l’ouest, entre le Ballon, le Roy Grippot et la Tête Sem, il y a le Kiffermatt (le pré du tonnelier) et, en descendant, le pré et la ferme du Donjon (maintenant en forêt) ainsi que le ruisseau des Troncots (entre le Clochet et la Tête Sem).
Au bas du Ballon, la vallée se resserre entre le Sabotière et la Tête Sem. Il y avait là, une vieille ferme. En 1825, le nouveau propriétaire, François-Joseph Haas, de Belfort, y construit une solide maison de pierre avec écuries et vaste grange : la ferme Ste Rosalie (du nom de sa femme). Il acquiert la forêt de la Tête le Moine.
Entre le Clochet et la Tête le Moine se trouvent le pré et la ferme de la Goutte Morelle (en forêt depuis 1920).
En haut du Clochet, près du Trou du Loup, se dresse la croix de Marchal (garde chasse assassiné en 1912).
Le Couvent
L’ancien prieuré bénédictin était situé là où la vallée est le plus large. Une petite croix marque l’emplacement de l’église (ruinée vers 1800) et des très modestes bâtiments (quatre
moines vers 1300, un seul à partir de 1550).
Vers 1820, I’anabaptiste Michel Müller bâtit la partie ancienne de I’actuel couvent. En 1850, Emile Keller l’achète. En 1854, il y établit un « Orphelinat Agricole » confié d’abord à des religieuses de Strasbourg, puis en 1859 à des religieuses dominicaines. De vastes bâtiments agricoles sont construits, puis, en 1866, une chapelle. En même temps (1859) est bâti le château.
Après la guerre de 1870, l’arrivée de petites alsaciennes amène à agrandir le bâtiment. De nouveaux agrandissements sont entrepris en 1911. Vers 1892, à côté du château, divers bâtiments d’habitation sont construits. En 1912, au dessus de la route qui mène à Etueffont on construit le Chalet. En 1959, un incendie ravage le château qui est rebâti avec diminution de deux étages.
En 1950, l’orphelinat devient…
(La suite dans : La vallée de Saint-Nicolas, par Etienne Keller, page 21)
Les maladies en Pays sous-vosgien au XIXè siècle
Au XIXè siècle, les communes sous-vosgiennes des actuels cantons de Giromagny et de Rougemont-le-Château évoluent. Une industrialisation, d’abord diffuse, puis de plus en plus concentrée, occasionne un accroissement démographique important. Si la vie économique et sociale de cette population est relativement bien connue, sa situation sanitaire, et en particulier les pathologies qui I’affectent, était jusqu’alors restée dons l’ombre.
Une industrialisation précoce
Zone de relief parfois difficile, à la terre peu fertile, la région sous-vosgienne s’industrialise précocement. En 1812, les filatures Boigeol et Herre s’installent à Giromagny et en 1828 Nicolas Koechlin emploie 80 personnes à Etueffont-Bas, 58 à Anjoutey, 50 à Bourg-sous-Châtelet et 50 à Rougemont-le-Château.
Huit années plus tard, les établissements Boigeol-Japy disposent à Giromagny d’une filature de 10500 broches et d’un tissage de 100 métiers et 6 machines à parer.
Industrialisation et démographie
Au milieu du XIXè siècle, le canton de Giromagny est ainsi le plus industrialisé du Territoire de Belfort. L’implantation et le développement des manufactures textiles valent aux
cantons de Giromagny et de Rougemont-le-Château un accroissement démographique respectif de 61,1 % et de 73,9 % de 1803 à 1911.
La population du canton de Giromagny passe de 9107 habitants en 1803 à 14675 habitants en 1911, celle du canton de Rougemont-le-Château de 1585 à 2756 habitants pour la même période. Cet accroissement est davantage perceptible dans la première moitié du XIXè siècle, la population du canton de Giromagny augmentant de 43,7 % et celle du canton de Rougemont-le-Château de 52,7 % de 1803 à 1872. Après I 872, les populations cantonales n’augmentent respectivement que de 12,1 et 13,8 %.
Les deux cantons devancent très largement le canton de Fontaine qui demeure rural tout au long du XIXè siècle et dont la population ne s’accroît que de 14 % entre 1803 et 1911. Mais ils ne peuvent égaler le canton de Belfort, soumis à une forte industrialisation et à d’intenses flux migratoires et qui connaît une augmentation de population de 386,7 % au cours de la même période.
Au-delà de cette brève évocation économique et démographique tentons de percevoir le pouls de la population des cantons de Giromagny et de Rougemont-le-Château. Quelles sont les maladies qui I’assaillent au XIXè siècle ? Ces maladies sont-elles les mêmes au début et à la fin du siècle. Comment la population réagit-elle face à ces pathologies ?
Appréhender la santé
La première enquête médicale connue pour l’arrondissement de Belfort porte le millésime 1861. Elle est consignée dans les registres du Conseil d’hygiène et de salubrité publique de l’arrondissement de Belfort à la date du 2 juin 1862. Une grande partie de cette enquête est consacrée à un recensement, que l’on veut exhaustif, des maladies qui ont frappé l’arrondissement de Belfort durant l’année 1861. C’est par cette enquête que nous pouvons percevoir l’état de santé des habitants du pays sous-vosgien au milieu du XIXè siècle.
La statistique médicale de 1861 recense les cas pathologiques mais le relevé ne reflète pas l’exacte réalité médicale de la population atteinte, un habitant pouvant avoir été malade
plus d’une fois au cours de l’année.
Face aux maladies, l’inégalité est grande au sein de l’actuel Territoire de Belfort. En 1861, la population du canton de Giromagny apparaît comme la moins affectée par les maladies qui n’y ont frappé qu’un habitant sur 134. Ce canton distance nettement les autres cantons alors sensiblement à égalité avec environ un malade pour 55 habitants
Le canton de Giromagny est affecté principalement par la pathologie épidémiologique qui représente 29,5 % des maladies recensées. Puis viennent les pathologies des voies respiratoires (27,1 % des maiadies) dominées par la pneumonie et la bronchite aiguë. L’importance de ces deux affections résulte de la conjonction d’un climat froid et humide (zone d’altitude supérieure à 500 mètres) et des mauvaises conditions d’habitat de la population ouvrière du textile.
Les maladies d’Ancien Régime
La statistique médicale de 1861 montre une situation calme, dominée par des pathologies ordinaires. Mais comme d’autres régions françaises, le Territoire de Belfort n’en subit pas
moins au XIXè siècle des maladies au caractère épidémiologique nettement affirmé.
Le typhus
Ainsi, le 14 octobre 1823, le chevalier de Tessières, sous-préfet de I’arrondissement de Belfort, est informé qu’une épidémie de typhus existe dans la commune de Lepuix-Gy. En fait, la maladie ne sévit pas dans le village même de Lepuix mais dans le hameau de Malvaux. Là, en bas des derniers contreforts des Vosges méridionales, profitant de …
(La suite dans : Les maladies en Pays sous-vosgien au XIXè siècle, par Francis Peroz, page 21)
L’évolution des taux de natalité et de mortalité à Leval aux XIXè et XXè siècles
« Je ne suis pas un numéro. Je suis un homme libre » répète, d’épisode en épisode le héros du Prisonnier, un célèbre feuilleton des années 70. Une voix off auroit sans doute pu lui opposer que pour être un homme, le personnage, s’il était plus qu’un numéro, était Ie produit de la société et comme tel, un produit mathématique quantifiable.
Des problèmes de cohérence et de crédibilité
Les taux de natalité et de mortalité se définissent comme le rapport du nombre d’événements de l’année (naissances ou décès) à la population moyenne de l’année (somme de la population au 1er Janvier et de la population au 31 décembre divisée par deux ou population au milieu de l’année – au 30 juin -).
Passer de la définition à la mise en oeuvre entraîne toute une série de problèmes. Il faut définir le numérateur et le dénominateur or ni les uns ni les autres ne sont connus avec exactitude. A Leval, les registres de la commune nous renseignent sur les naissances depuis 1793 et sur les décès depuis 1796. Mais sur 200 ans, les données recueillies ne sont pas toujours très cohérentes. Les registres renferment des actes de naissance et de décès mais aussi des transcriptions de naissances et de décès et des reconnaissances. Si, globalement à chaque acte correspond une naissance, à la fin du XVlllème au début du XIXème siècle, un même acte peut relater la naissance de jumeaux, ce qui se produit en 1793,
1795, 1799 (2 cas), 1812…. Si les mort-nés sont enregistrés (quand ils le sont) sur le registre des décès, ils ne le sont pas sur le registre des naissances et si l’on comprend bien pourquoi, il faut admettre que les prendre en compte dans le taux de mortalité sans les prendre en compte dans le taux de natalité revient à minorer le second par rapport au premier. Certains décès enregistrés à Leval sont des transcriptions de décès ayant eu lieu ailleurs par accident : un noyé à Rougemont en 1808, un homme assassiné à Etueffont-Bas en 1816, deux jeunes femmes tuées lors d’un accident de la route à Burnaupt-le-Haut en 1972,… par hasard : un homme à Brumath en 1864, un autre à Roppe en 1879,… ou lors d’un séjour prolongé hors de la commune (à l’hôpital ou à l’armée). Si l’on prend ces décès en compte, il faudrait par ailleurs retrancher des morts enregistrés à Leval, les quelques étrangers à la commune décédés lors d’une visite chez des parents ou des amis, les personnes de passage…. Si l’on ne doit pas tenir compte des habitants de Leval morts ailleurs, il faut, surtout pour la période récente, tenir compte des habitants de Leval décédés à l’hôpital, dans un hospice ou dans une maison de retraite à Belfort, Besançon ou Rougemont….
Depuis les années 50 et la médicalisation de Ia mort, les gens âgés ne meurent souvent plus chez eux mais à l’hôpital. Ne pas en tenir compte reviendrait à établir des taux de mortalité
invraisemblables. Entre 1986 et 1995, sur les 20 décès de la décennie, 11 ont eu lieu à Belfort, Besançon ou Montbéliard !
La proportion allant en s’amplifiant depuis le milieu des années 50 : 4 décès sur 22 entre 1956 et 1965 (11%), 5 sur 19 entre 1976 et 1985 (261 %). Comme il faut tenir compte des enfants de Leval morts à la guerre ou à l’armée. Mais les transcriptions de décès sont rarement inscrites l’année même du décès.
Les transcriptions se font souvent avec un, deux voir trois ans de retard : transcription de 1918 pour un : décès de 1915, transcription de 1921 pour un décès de 1918…
On peut penser que tous les enfants de Leval morts à la guerre 1914-1918 n’ont peut-être pas tous été enregistrés.
A Morette, petit village du Dauphiné (lsère), qui comptait 326 habitants en 1911, 15 personnes sont tuées à la guerre mais seulement 12 ont été transcrites sur les registres ! Leval, en 1911, c’est 262 habitants et 9 tués transcrits sur les registres. Mais si tous les tués de…
(La suite dans : L’évolution des taux de natalité et de mortalité à Leval aux XIXè et XXè siècles, par Jean de Zutter, page 30)
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